LOGEMENT & RURALITE
Le logement est une composante de nos besoins physiologiques et de sécurité qui sont la base de notre immeuble de vie pour trouver une place sociale, une certaine estime puis enfin un accomplissement comme nous l’enseigne Maslow. On y vit, on y aime, on y dort, on y vieillit. Il convient donc d’y porter une attention particulière mais peut-être de chercher et trouver des réponses adaptées. Il existe différentes tailles de villes et les solutions des villes ne sont pas forcément celles de nos villages mais peuvent être combinées.
Par François CHARLES
économiste, sociologue, conseil en stratégie et management, animateur territorial et politique
Je rebondis sur une réunion organisée par un député de Cote d’Or sur le sujet en présence de professionnels du secteur pour répéter une fois de plus que si une règle existe, elle mérite parfois d’être appliquée dans le bon sens, et avec des lunettes adaptées, car parfois « la carte n’est pas le territoire ». Chaque objectif devrait passer dans le filtre des réalités multiples (localisation, sociale, politique, financières etc), des forces, faiblesses, avantages, inconvénients, opportunités, menaces et des options de choix mesurables, réalistes, réalisables et déterminées dans le temps avant de passer à l’action (GROW, SMART, SWOT). Sans déballer toute ma boîte à outils je rappellerai néanmoins qu’il existe des méthodes d’analyse de risque, de conduite de processus (OPACQ, 5M, 5S, analyse fonctionnelle) et d’organisation (TOB) qui permettent de se poser les bonnes questions avant d’agir. Il est bon de rechercher les exemples qui marchent en France et en Europe mais néanmoins sans copier-coller hâtifs.
Je connais bien certaines réalités de l’habitation commune avec les problèmes de chauffage, de bruit etc… ou individuelles pour avoir habité en appartement de fonction sans loyer en Allemagne ou à loyer modéré à travers la Société Nationale Immobilière, puis en appartement privé, en maison louée puis achetée dans une ville nouvelle et j’habite désormais à la compagne dans l’ancienne ferme de mes parents. J’ai fréquenté aussi les cités de Cergy Pontoise pour savoir que la grande majorité de la population est très correcte et que les troubles ne sont pas créés que par une infime minorité de la population. Et je sais aussi que si le racisme n’est pas à sens unique, les personnes bruyantes, sans gêne et violentes existent aussi dans toutes les catégories sociales. J’ai connu des vacanciers ou de nouveaux arrivants porter plainte contre la sirène de l’usine, contre les cloches de l’église ou le coq du voisin. Par contre, j’ai connu aussi des endroits calmes qui ne le sont plus restés et dont la population a changé.
Les réalités ont évolué avec le temps et la société : 30% des problèmes de logement provient de familles divorcées, 2/3 de la population est éligible aux logements sociaux. Posons-nous la question de savoir si les chiffres de demande ne peuvent-ils pas être mieux analysés et segmentés pour être mieux traités. Le logement social est une des formes de logement dans le parcours de l’habitat pour l’accès à la propriété tout en prenant en compte qu’il existe aussi des personnes faisant le choix de la location tout en étant aussi responsabilisé par leur habitation. Et on ne peut contraindre à acheter même cela développerait la responsabilisation.
La Loi pour la Solidarité et le Renouvellement urbain de 2000, modifiée en 2006 puis 2008, a été mise en place pour améliorer la qualité du logement. Les Plans d’Occupation des Sols ont été remplacés par les Plan Locaux d’Urbanisme (PLU), les Schémas Directeurs par les SChémas de COhérence Territoriaux (SCOT). Elle impose une mixité sociale 20% de logement sociaux dans les communes de plus de 3500 habitants dans une agglomération de plus de 50000 habitants avec au moins une commune de plus de 15000 habitants sauf à payer une taxe. Est-il judicieux de respecter ce taux à la lettre comme un bon élève ? Les projets de l’Agence Nationale pour le Renouvellement Urbain avec transfert possible des obligations entre communes dans le cadre de communauté d’agglomération semblent fonctionner au cas par cas. Faut-il communiquer sur le taux de logement social comme si c’était une plaie, un dû ou alors une preuve de suivi de la règle plutôt qu’essayer de les réduire ? Est-ce judicieux d’en mettre partout ? Doit-il y avoir une lutte logement privé et social comme la fausse lutte entre villes et villages ? Faut-il parler de « reconquête du parc ancien privé » comme si être propriétaire était un chemin inaccessible pour certains ?
En lisant qu’il y a surabondance de biens à louer de 2000 logements vacants sur le Grand Dijon et qu’il existe 2000 demandes en cote d’or dont 1000 pour le grand Dijon, certains mécanismes logiques diraient qu’il convient de ramener ces demandes sur le Grand Dijon donc au détriment des campagnes et avec augmentation des charges liées au transport. Une autre solution consiste à construire dans les campagnes mais de façon cohérente. Mais une troisième existe : l’accompagnement à la rénovation, à la garantie de loyers ou la reprise de logements anciens privés existants dans les campagnes comme savent le faire certaines sociétés de gestion. Mais encore faut-il les recenser. Pour la vitalité des villages, ne faudrait-il pas à nouveau instituer le prêt à taux zéro pour l’ancien quand on sait que les jeunes achètent apparemment plutôt dans ce genre de bien ?
Faut-il bloquer les loyers ou plutôt prévoir un plafond a effet cliquet quand ils baissent ? Existe-t-il dans chaque département un guichet unique pour éviter de recenser les multiples demandes identiques faites par une seule personne ? En matière de co-propriété, les banques ont-elles pris en compte les véritables seconds loyers à intégrer dans le prêt liés aux rénovations énergétiques ou ascenseurs ?
Pourquoi ne pas instaurer des critères de logements locatifs comme par exemple prouver que l’on a un travail local, dans la ville ou le canton qui de plus impacte sur le développement durable et les transports comme dans certaines villes du Grand Dijon où ce taux atteindrait 85% ! Est-il vraiment judicieux d’introduire une mixité logement social/privé par pallier ? En matière d’organisations énergétique, de vie, et de cohérence d’environnement, pourquoi ne pas instituer et reconnaître des zones de bruit, à chauffage ou de prix modéré ou élevé (pour les personnes plus âgées) permettant ainsi une réduction des charges et un meilleur confort peu possible en cas de mixité. Certes le lien intergénérationnel est la solution pour rapprocher les personnes âgées avec les jeunes pour aider à monter les courses ou garder les enfants mais il peut s’opérer autrement et faut-il attendre une panne d’ascenseur pour s’en apercevoir et créer des liens ?
Enfin, s’agissant des immeubles, la loi oblige les bailleurs sociaux à vendre leurs appartements. C’est souvent une opportunité d’achat modéré notamment pour la réinsertion par le logement. Mais est-ce toujours au prix du marché et en cohérence avec les propriétaires initiaux, qui ont acheté à prix fort et qui risquent donc de vendre vite pour éviter la dépréciation de leur bien et ensuite la surprise des nouveaux acquéreurs certains d’avoir fait le bon choix mais vite confrontés à certaines réalités et différences ?