Pour une règle d’or énergétique et nucléaire
Autant je suis inquiet d’entendre Eva Joly dire de façon intransigeante et quasi déséquilibrée « il faut abandonner le nucléaire et j’ai raison », autant je n’ai jamais entendu le PS dire qu’il voulait le faire, et autant il est surprenant d’entendre l’UMP à la fois le blâmer le PS comme pour l’y inciter. Le nucléaire sauveteur, productif et producteur de particules mais non polluant et ne procurant que peu d’emplois serait-il un jeu au-delà d’un enjeu ? Quels sont ses avantages, inconvénients, opportunités, menaces ? Qui veut prendre le rôle de persécuteur et de victime ?
Par François CHARLES
Economiste, coach et conseil en stratégie et management, président de l’IRCE
Comme en matière de défense, notre indépendance énergétique repose sur des décisions politiques qui se confortent d’éléments économiques, techniques et humains mais cette fois également médicaux. Il est souvent difficile de choisir entre une décision politique prise avec le coeur ou de façon logique et la tête froide mais là est l’enjeu. Bien sur le politique dira qu’il n’est pas très responsable de réduire le nucléaire et les emplois car « ce monde est dangereux », comme c’est le cas dans l’armement. Mais une partie de la population criera qu’il est irresponsable de conserver des énergies à risque quand on peut faire autrement et conserver une armée alors qu’il n’y a plus de guerre. Par contre, ce sont souvent les mêmes personnes qui vous reprocheront ensuite de ne pas les protéger ou de ne pas rétablir la lumière en une heure…
Pour autant il est presque irresponsable d’être dépendant à 75% comme nous l’étions avant du pétrole et il est irréaliste mais hélas réalisable, en cas de catastrophe en France ou dans un pays voisin, d’arrêter toutes nos centrales, a priori les plus sûres du monde, et de passer de 75% à zéro par décision politique.
Au-delà des jeux d’analyse transactionnelle « regarde ce que tu m’as fait faire » et « c’est toi qui m’a entraîné là-dedans » qui risque d’arriver entre le PS et les Verts, et qui constitue une base classique à la secrète règle du jeu de nombreux ménages, essayons d’analyser l’objectif positif, les réalités et les options abordables notamment au vu de la sempiternelle et sans doute intéressante comparaison du couple franco-allemand.
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Posons l’objectif positif consensuel : « disposer d’une certaine autonomie énergétique si possible peu polluante, peu chère et peu dangereuse ». Les réalités objectives sont par contre diverses et multiples :
Nous sommes sortis de la dépendance du pétrole pour notre électricité grâce au nucléaire, véritable force motrice, et de nombreux pays nous ont emboîtés le pas. En Europe, la France possède 19 centrales et 58 réacteurs et son énergie électrique en provient à 74%, la Russie 16%, le Royaume-Uni 22%, l’Allemagne 24%, la Suède 45%, l’Espagne 26, la Suisse 40% et la Finlande 30%. L’énergie française repose aussi à 12,3 % sur l’hydraulique puis gaz 5% et de façon insignifiante sur les autres énergies mais avec un plan éolien remarquable. Notons qu’un cluster éolien existe en Bourgogne. L’Allemagne dépend du charbon à 41%, du nucléaire à 24%, du gaz à 14%, de l’éolien à 6%
Tout modèle économique par ailleurs sur sa durée de vie, l’hydraulique semble être l’énergie la moins couteuse en production en euros par mégawatt-heure suivi du nucléaire, du charbon, du gaz, de l’éolien puis du solaire et le prix du pétrole est très élevé.
Autres réalités : les catastrophes nucléaires n’ont pas eu lieu pour les mêmes raisons mais produisent les mêmes effets sociaux et politiques : l’Italie, l’Allemagne, un temps revenue, et la Suisse en sont sorties suite à une catastrophe. L’Autriche, la Belgique sans doute également. L’Espagne arrête de construire mais maintient l’atome. La Finlande, la Suède qui a même critiqué l’Allemagne pour pollution, le Royaume Uni qui vient de sortir une étude, et la Russie (…), maintiennent le nucléaire en confiance. La France a analysé depuis longtemps la réduction à 50% et annonce une étude de sécurité fin 2011. L’opposition profite légitimement ou non de l’élection présidentielle pour se reposer les bonnes questions.
On peut être de droite et aimer le tram à Dijon même avec les travaux et on peut être de droite et aimer une diversification des sources d’énergie. On peut aussi avoir le droit d’entendre des gens qui ont peur de cette menace inodore en espérant que les discours publics et privés sont les mêmes. J’ai pu côtoyer des gens de gauches qui, en aparté, sont réalistes sur les progrès industriels avant les progrès sociaux. Il est difficile pour les Verts d’admettre que la sécurité est totale sous peine de perdre leur légitimité alors qu’ils pourraient intelligemment veiller à la sécurité par des actions concertées et non sauvages. Quant à la sécurité industrielle, les catastrophes leur donne hélas parfois raison.
L’étude des Echos du 6 décembre est intéressante: « le nucléaire pèse les trois quarts du bouquet électrique mais représente 125 000 emplois directs et autant d’indirects », soit 350 personnes par réacteur. Les énergies vertes sont couteuses tant qu’elles ne sont pas amorties mais ont créé 370 000 emplois en Allemagne avec un quasi doublement d’ici 2030 alors qu’elles n’en ont créé jusqu’à lors que 94000 en France mais avec une forte progression. Par contre, si le nucléaire procure et génère beaucoup moins d’emploi (environ 30 000 d’ici à 2030 selon PWC avant Fukushima), il reste plus productif.
Autres réalités : le solaire est plus développé en Allemagne alors que la France est plus ensoleillée. Le Maroc va produire et exporter de l’électricité solaire à partir de grands champs photovoltaïque installés dans le désert. L’éolien offshore est plus développé en Allemagne alors que la France dispose de 20 fois plus de côtes. Le charbon est très polluant mais compétitif. Les bassins miniers français sont menacés. L’atome est comme le gaz, inodore, l’atome n’émet pas de Co2, nous entrons dans le tout électrique, l’avion est le plus sûr moyen de locomotion. Le premier crash d’un Airbus 380 fera parler pendant un an mais n’arrêtera pas ces avions de voler. Il est plus réaliste et facile d’arrêter à 25%, de maintenir entre 25 et 50 % et de réduire en dessus. Le nucléaire, ce n’est pas que des centrales mais ce sont aussi des déchets à risque qu’il faut stocker. L’Allemagne est notre premier partenaire et représente un modèle comparatif proche. Elle est écologique mais abandonne pourtant le nucléaire pour polluer énormément avec le charbon et va acheter de plus en plus de gaz en Russie.
On peut se demander pour quelle raison le solaire n’est pas davantage développé de la même façon que le sont les bio carburants qui polluent autant mais dont le modèle économique et de rejet global est avantageux mais finalement… plus compliqué. La technique ne serait-elle pas au point ? Les piles à combustible, elles, le sont.
Ayant travaillé sur les concepts de fabrication, de maintenance et de déconstruction, je suis sceptique sur le fait de dire que déconstruire une centrale coute plus cher que la maintenir et donc la moderniser mais il est vrai de dire qu’il faut prévoir un jour le coût de déconstruction dans toute réalisation, qui plus est, sensible.
Mettons tout cela dans l’alambic, laissons bouillir et analysons l’élixir produit. Réalisons une distillation supplémentaire comme un single malt et rajoutons qu’en Allemagne le SMIC n’existe pas…
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Le politique se sert il des catastrophes pour faire passer ses convictions ? Se sert-il de la population pour mieux l’impliquer et éviter certaines décisions ? On se rappellera du référendum européen et plus récemment de la volonté de référendum grecque pour réduire la dette. Il semble en être de même pour le nucléaire.
En fait 50% ou 75% ? Tout le monde a en définitive raison dans une « règle d’or » énergétique pour réduire la part du nucléaire sans réduire le nucléaire.
Même si les 35 h ont été écrites sur un coin de table et que la psychose radioactive peut changer bien des décisions, je ne veux pas croire que les circonscriptions ont été marchandées à coup de réacteurs nucléaires avec irresponsabilité avec les effets que l’ont verra si la majorité présidentielle change de couleur.
Je veux plutôt espérer que l’annonce s’est faite sur des réalités étudiées comme dites précédemment et notamment sur nos 25 réacteurs ayant plus de 30 ans en 2011. J’invite les analystes à penser de façon globale au de là de la production et utiliser la matrice BCG connue en marketing pour savoir où investir, construire, entretenir et déconstruire entre les Dilemmes, (centrales à moderniser sans rendement), les Vedettes (rentables mais non amorties) et les Vaches à lait (amorties mais avec un risque à terme si non surveillance).
Je veux croire aussi que c’est donner une chance pour créer des emplois et pour le développement continu d’alternatives en utilisant de façon toujours plus grande le potentiel inexploité des ressources sans fragiliser notre développement économique et notre indépendance énergétique.
Je veux croire que la majorité en place restera dans la lancée du Grenelle de l’environnement comme dans le maintien de notre force motrice électrique pour les mêmes raisons. Cela contribuerait aussi à sauver notre pôle nucléaire bourguignon travaillant de concert avec la Franche–Comté.
En conservant sa capacité de production d’électricité, la France contribue à réduire la dépendance énergétique européenne et produira pour les autres nations avec des impacts économiques induits. Nous pourrons leur demander en contrepartie de nous aider financièrement à entretenir, moderniser et démanteler nos centrales et leurs déchets pour éviter tout risque potentiel. Les Verts pourront appeler cela une « prime de risque », une « taxe nucléaire » et pourront aider à calculer la survaleur de la santé au-delà des processus industriels.
La France pourra faire partie du sous groupe des pays à centrales co-financées par les autres pays de l’Union. L’Allemagne, qui revient sur le charbon très pollueur pourrait également investir en Lorraine dans cette filière.
Comme dans bien des domaines, et en pensant positivement, l’Europe de l’énergie pourra profiter d’une crise pour se structurer et mettre en place une segmentation fédérale pour la consommation et l’achat interne et externe encadré par un Buy European Energy Act.
Pour une tenue uniforme à l’école
Ancien élève du privé catholique où je n’en portais pas, officier en retraite de l’armée de terre où j’en portais puis des affaires industrielles où je portais le costume ; ancien président d’association de parent d’élèves dans le privé, où ma fille en portait un puis le public, je milite depuis plus de 10 ans, bien avant l’UMP, pour une tenue uniforme à l’école.
A cause de mes origines, de la rigueur, du prestige de « l’uniforme » me direz-vous ? Eh bien non, à cause de bien d’autres choses pour lesquelles nous allons utiliser cette fois le blason, le SWOT, l’autonomie et le jeu dans nos techniques de coaching.
Par François CHARLES
économiste, sociologue, coach et conseil en stratégie et management
Pour commencer, la tenue uniforme ne veut pas forcément dire « uniforme » comme au Japon. Il peut s’agir d’une blouse comme en Tunisie ou dans nos petites classes d’autrefois. Ensuite il est essentiel de ne pas parler « d’uniforme » mais de « tenue uniforme » pour éviter tout blocage a priori et pour ouvrir la pensée au-delà de l’aspect rigide, réglementaire et militaire.
La devise d’une tenue uniforme pourrait être « nous sommes tous égaux ». Bernard Tapie l’avait bien compris en régiment où seuls les grades diffèrent. Il y a trouvé la confiance qui l’a ensuite aidé à faire ses affaires.
Une personne en tenue uniforme ne montre pas de marques, n’impose pas ou ne donne pas envie de se faire racketter pas absence ou masquage de marque. Il apparait comme quelqu’un d’abordable. Il s’agit souvent d’une régulation gagnant-gagnant et d’une « inter-dépendance » où l’enfant défavorisé reprend confiance et où le nanti doit reprendre garde mais où les deux ont plus de chance de pouvoir communiquer, sauf si bien entendu ils n’oint pas à se cotoyer s’il sont dans des écoles différentes. Mais le leadership et les sous-groupes existent même dans chacune des castes.
D’autres avantages existent : régulation du budget vestimentaire pour les parents qui dépenseront moins, optimisation du processus du matin où l’on aura pas besoin de savoir comment on s’habille. L’enfant n’aura plus peur de se salir et ses parents réduiront leur note énergétique de lavage hebdomadaire. Cela régulerait également le problème du foulard que l’on ne voit pas en Tunisie…
Ce sera une réelle opportunité pour les familles de se faire financer tout ou partie du vêtement par les collectivités mais sans couper le budget du jour au lendemain… Mais peut-être que les marques d’uniformes ou de blouses pourront également sponsoriser ces tenues comme les équipes de football ou de rugby.
Quels pourraient être les inconvénients ? Enfin pouvoir jouer à se salir ou alors ne plus pouvoir en « ramener ». Mais surtout heurter les lobbys des marques qui misent beaucoup sur les enfants et les jeunes. Les adaptent des marques devront faire leur « deuil ». Peut-être qu’une comparaison interviendra entre les établissements ?
Une menace serait de ne pas mettre cette tenue en permanence comme ces écoles privées prestigieuses qui ne le sortent que le vendredi pour la sortie des élèves. La menace viendra aussi des irréductibles qui se sentiront agressés par le système sans en voir les avantages ou par ceux qui ne se sentiront pas briller et qui verront les « boucs émissaires » relever la tête.
Mais ensuite, le cadre ne sera-t-il pas souvent en costume ou en tailleur ? L’ouvrier ne sera-t-il pas souvent en combinaison ou en blouse ?