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Le blog philosophique de francois CHARLES

industrie

Géopolitique et PME

31 Janvier 2022 , Rédigé par francoischarles Publié dans #industrie, #europe

Sous prétexte de fonctionner au jour le jour et d’entretenir une certaine (inter)dépendance de sauvegarde avec  les donneurs d’ordres ainsi que les pouvoirs publics et consulaires, mais alors qu’elles doivent d’autant plus travailler par anticipation et scénarii pour maintenir et optimiser leur fonctionnement, leur développement et leur pérennité, il est souvent dommageable de constater que les dirigeants ou commerciaux de PME, qui ne prendront d’ailleurs pas le temps de lire cette page et négligeront certains événements même en ligne, ne s’intéressent pas aux réalités géopolitiques et leurs risques liés en terme de coût, délai et performance. Reste à savoir quelle est vraiment la cible à sensibiliser et si cette possible responsabilisation pourrait-elle remettre en question certains écosystèmes.

 

Par François CHARLES

Economiste, conseil en stratégie et management, relations européennes et internationales, ancien responsable offsets, Europe et Asie au Service Central des Affaires industrielles de la DGA.

Une des définitions de la géopolitique du grec γη « terre » et πολιτική « politique » pourrait être l'interdépendance entre le positionnement géographique d'un Etat, de son groupe d'appartenance, de ses voisins, de son continent et prochainement de l'espace avec  ses conséquences économiques, industrielles, climatiques, relationnelles, politiques, militaires, environnementales, sociales, humaines ...

Les réalités sont différentes si l'on possède de l'eau, du pétrole, des terres riches ou pauvres, des sources d'énergie, un accès ou non à la mer, si l'on est plutôt peuple des plaines ou des montagnes, si l'on possède un ou 10 voisins, si ce ou ces derniers sont de petits ou de grands pays. La géopolitique concerne aussi bien les moyens de transports et de communications que la monnaie, le luxe,  tourisme en passant bien entendu par l’industrie, la recherche, l’énergie et la défense dont l’armement. Si les décisions sont prises par certains, les troubles de géopolitique touchent en cascade de nombreux secteurs de l’économie, devant de facto souvent agir par solidarité.

Si les grands groupes sont les principaux donneurs d’ordre, les PME sont majoritaires en terme d’emplois et apparaissent comme des vecteurs de partenariats (coopération, collaboration, alliance) intra ou extra européennes. On peut se poser la question si la solidarité entre l’Etat et le tissus industriel, déjà hasardeuse en temps normal, peut être effective en temps de crise militaire ou économique à travers le monde. Les petites structures, qui certes ne semblent vivre en microéconomie dans un rayon géographique limité et sous bienveillance de leur sacro-sainte chambre de commerce, ne devraient-elles pas se poser elles-mêmes la question de l’impact de certaines décisions controlables ou non, sur leurs ventes, leurs achats les délais d’approvisionnement sans attendre la nouvelle aide providentielle. Sans pour autant faire de politique néfaste aux affaires, ne devraient-elles pas décider de leur avenir plutôt que subir des coups de théatre commerciaux sans en avoir imaginé les liens évidents avec des réalités non économiques ? Les PME doivent-elles laisser la « géo »politique aux grands groupes qui paradoxalement ne les éduquent pas, parfois bien désarmés eux-mêmes ou pensant avoir tout compris mais répétant de sempiternelles erreurs, et savent encore remplacer leurs sous-traitants d’un coup de crayon en cas de besoins de contreparties, contraires aux règles internationales, mais décidées par certains Etats acheteurs, au risque de les voir disparaitre ou de changer de client privilégié.

Comprennent-elles pourquoi et quand les grands industriels savent s’élever contre les sanctions économiques prises, non pas vers des pays mais des dirigeants et quelques produits spécifiques, par leur administration de tutelle qui leur facilitent et autorisent pourtant aussi leurs contrats à l’export dans les domaines sensibles et très technologiques ? Comprennent-elles les scénarii qui risquent d’arriver à nouveau avec la Russie avec leurs causes et conséquences ? Quels sont les risques liés à la Turquie? Pourquoi Dassault peut décider ou non de poser une offre en Europe ? Pourquoi les pays européens achètent des F-35 au détriment de certains produits technologiques ou protègent leurs sources d’approvisionnement au-delà de simples considérations de prix et de technique ? Pourquoi les contrats australiens mirobolants ont d’un coup été annulés ? Pourquoi les Chinois développent une réelle stratégie sur certains achats quand les Européens fonctionnement encore souvent comme un club d’affaires ? Pourquoi les importations de Lituanie sont interdites avec la Chine suite à l’installation d’une représentation de Taïwan ? Pourquoi ces mêmes Chinois sont soutenus par l’OMC face aux hausses douanières étasuniennes et non celles européennes sans doute moins élevées ? Pourquoi les solutions européennes paraissent de facto construites avec des solutions « alliées » étasuniennes ? Pourquoi les normalisations nationales et européennes sont à la fois des protections et des armes commerciales ?

Certaines entreprises se détachent parfois avec courage comme Sagem en son temps, se musclent pour devenir ETI ou se regroupent en cluster pour chasser en meutes, voire en escadre à leur façon avec des compétences complémentaires mais de même taille. Misons pour qu’il existe en leur sein une dynamique de politique générale adaptée avec des corrélations entre stratégie, identité, structure et prise de décision incluant une réflexion permanente de géopolitique. Le salut viendra peut-être aussi des salariés qui choisiront eux-mêmes des formations de sensibilisation adaptées.

Les start-up, beaucoup plus souples et réactives, souvent gavées de millions d’euros sans avoir même lancé de production, avec des dirigeants souvent plus formés et ouverts, comprenant souvent mieux certains signes et sachant se transférer dans d’autres pays avec d’autres couveurs et financeurs bienveillants, oubliant vite leurs parrains initiaux, sont sans doute elles-mêmes une composante de géopolitique particulière.

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Le MBTI au service de l’intelligence économique

23 Avril 2015 , Rédigé par francoischarles Publié dans #management, #stratégie, #industrie

L’intelligence économique (IE) et ses trois piliers (protection, veille, lobbying) bénéficie, comme le renseignement, des techniques électroniques et photographiques poussées. On oublie trop souvent l’importance du vecteur humain et de sa juste valeur ajoutée pour comprendre et donner du sens à certaines réalités au-delà de simples automatismes. Il en va souvent des richesses de votre entreprise et de votre pays.

Par François CHARLES

Président de NOVIAL CONSULTING & NOVIAL INSTITUTE, coaching, conseil et formation, certifié MBTI indiv. et équipe

Le MBTI (Myers-Briggs Type Indicator) est l’outil de typologie de personnalité le plus utilisé au monde. Il nous aide à connaître et valoriser nos préférences de comportement et d’attitudes mais aussi d’une part à identifier et comprendre les risques de nos zones d’effort et de stress face à certaines situations ou certaines personnes et d‘autre part à optimiser nos dépenses d’énergie en rendant désormais chaque situation contrôlable et surtout en ne répétant pas certaines erreurs dont nous n’avions même pas conscience auparavant. Il se présente sous la forme de quatre balances de polarité, séparant nos zones de confort de nos zones d’ombre. L’idéal reste de pouvoir atteindre un certain équilibre, pour « marcher sur nos deux pieds », voire de créer une complémentarité d’équipe multipolaire.

Si la technologie nous aide à recueillir plus d’information, à les trier par recoupement et sémantique, et nous évite de nous déplacer, l’approche humaine nous aide à prendre du recul et séparer le bon grain de l’ivraie avec sens et discernement, à la fois pour l’information ouverte mais surtout pour les 30% d’information grise confidentielle à forte valeur ajoutée, qui détecte aussi la désinformation. Comprendre ses attitudes et comportements pour protéger ou développer son organisation, c’est aussi comprendre celles de son adversaire ou de son partenaire. Quand généralement, dans le MBTI, on parle de profil global, vite oublié, j’aime que les gens jouent simplement et efficacement sur leurs polarités. Ceci permet de mieux comprendre chaque situation, tout en admettant que Pierre, Paul et Nathalie peuvent lire écouter, entendre, agir, réagir de façon différente même s’ils parlent la même langue. Vous trouverez ci-après quelques exemples développés largement lors de nos formations.

La première balance concerne le ressourcement et les échanges. Même si intelligence signifie aussi créer du lien en latin, ceux qui se reconnaîtront « E » extravertis devront prendre conscience que, s’ils sont doués pour l’action spontanée et créer le contact, ils parlent parfois trop de leurs idées et de leurs projets, surtout dans le train ou l’avion, avec souvent un inconnu et devraient davantage réfléchir avant d’agir. Les «I » introvertis, seront par contre encouragés à tester leurs idées plutôt que s’apercevoir d’un problème après conception. Le « E » sera le champion de la carte de visite mais le « I » saura noter, après coup, le lieu et la date de rencontre et saura prendre le temps de voir et comprendre s’il s’agit d’un Enarque, d’un « X Mines », d’un « X Pont » ou « armement » qui n’ont pas la même saveur.

La seconde balance concerne la prise d’informations. Les « S » pratico-pratiques sauront mieux que quiconque valoriser un résultat, observer, repérer, noter les détails, et surtout la pépite qui se confondra pourtant dans la masse d’information. Il se fiera à l’expérience, avancera pas à pas mais prendra parfois hélas un chemin sans s’apercevoir qu’il mène à terme à une impasse. Les « N », conceptuels, sauront quant à eux chercher les idées nouvelles, les éléments sous-jacents et toutes les possibilités. Ils sauront aller sur la prospective et la rupture qui font souvent la différence, en espérant que les « S » les maintiendront les pieds sur terre pour des projets réalistes et réalisables. Le « N » imaginera et décèlera plus rapidement l’image confidentielle à partir d’éléments qui, pris indépendamment, n’ont aucune valeur. Lors d’une visite, Il saura entrevoir de lui-même toutes les analogies d’opportunités ou de risques alors que le « S » aura besoin de sa check-list ou ses grilles d’analyses.

La troisième polarité s’attache à la prise de décision : les « T », à la tête froide, auront trop tendance à chercher uniquement des solutions logiques et sans risques, à critiquer, raisonner, faire confiance aux critères objectifs plutôt qu’à l’approche humaine que ressentent les « F » sur leur polarité affective en se mettant davantage à la place de l’autre, en faisant preuve de compréhension et de bienveillance. En personnes de réseaux, connaissant les lieux et les clubs à fréquenter, ils sauront mettre en confiance et acquérir de l’information mais pourront aussi en être victime. L’exercice de désynchronisation sera important. La prise de conscience de l’effet de levier humain pourra aussi faire ressortir qui est vraiment la personne en face, son expérience, sa formation, son style de commandement au-delà des aspects purement matériels visibles.

La quatrième balance définit le fonctionnement général. Les « J » structurés, veilleront aux processus élémentaires de survie de votre entreprise comme par exemple réaliser un inventaire permanent du patrimoine, contrôler les accès physiques, sélectionner les prestataires, sécuriser les postes de travail, instituer et changer les mots de passe différents que le nom de votre chat ou de votre date de naissance, réaliser régulièrement des sauvegardes, nettoyer et limiter les courriels et les pièces jointes, et surtout vider les bureaux. A l’opposé, la force des « P » « flexibles », performant sous la pression avec une date limite, sauront improviser, redresser des situations, partir à l’opportunité. Mais ils seront un risque quant aux événements à prévoir à l’avance, aux emplacements et rendez vous à prévoir, aux informations parfois confidentielles laissées sur le bureau.

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recherche nationale et européenne

9 Mars 2013 , Rédigé par francoischarles Publié dans #industrie

voici la partie Recherche de mon programme "social, écologique et semi libéral" publié récemment

 

Le nouveau Président de la République a donné un geste fort, le jour de son investiture, vers un élément nécessaire à toute croissance : la recherche. Mais il n’a pas fait n’importe quel hommage. Marie Curie est certes une chercheuse étrangère venue développer, au départ bien seule, des travaux d’envergure en France, mais c’est aussi le nom des actions européennes en faveur des chercheurs, désormais regroupées dans un programme entièrement dédié aux ressources humaines dans le domaine de la recherche avec 4,7 Md€ sur 7 an. Cet engagement est salutaire mais je rebondis aussi sur les propos tenus en Allemagne consistant à tout remettre sur la table. Aujourd’hui il convient aussi de le faire sur la recherche française et l’innovation dans une dynamique nationale, européenne et internationale. On peut comprendre certaines réticences à investir en période de rigueur mais il peut être cohérent de le faire avec vision, comme la commission européenne et surtout depuis le traité de Barcelone, si l’argent, les moyens et les efforts sont orientés avec soin. Les initiatives, progammes, organismes et même l’énergie ne manquent pas. Mais ce monde de la recherche est souvent encore lourd, cloisonné, avec des enjeux de pouvoir et une évidente déperdition de valeur ajoutée stratégique pour notre pays alors qu’elle en est une composante de l’intelligence économique que nous développons. Analysons certaines réalités.

La recherche nationale fut vraiment lancée par le général de Gaulle et Georges Pompidou. Avant guerre il n’existait pas de ministère de l’industrie ni de la recherche, qui n’est d’ailleurs pas qu’industrielle. On connaissait la place de l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) et certains établissements bénéficient d’un vrai label de l’ANR, comme les Instituts Carnot en lien avec leurs cousins allemands les Fraunhofer, un premier ciment franco-allemand. Mais depuis 10 ans, les initiatives collaboratives entre universités, laboratoires et entreprises ont fleuri, essentiellement calquées sur les modèles européens du Programme Cadre de Recherche et Développement. 71 Pôles compétitivité ont été créés en 2004, de nombreux pôles d’excellence dont rurale, des Pôles de Recherche d’Enseignement supérieur (PRES), de pôles de filière voient le jour en plus des projets financés directement ou indirectement par l’Union Européenne avec ou sans les Etats (Programme Cadre, Eurêka, Eurostar..) et avec parfois l’implication des DIRECCTE ou d’OSEO. Toutes les actions de recherche ne passent pas par un point focal à un moment donné de leur traitement. La recherche et la compétition se structurent certes en région mais n’oublions pas notre dynamique nationale. Chaque région a lancé sa ou ses structures comme le Centre Francilien de l’Innovation en Ile de France ou Bourgogne développement, avec des organisations, des dispositifs d’aide souvent différents, ou voisins mais avec des noms différents (chèque innovation en Franche Comté et Prestation Technologique Réseau en Bourgogne…), ce qui ne facilite pas le travail de collaboration, imposant à chaque fois de refaire le point sur ce qu’il est possible à faire ou pas. Les dispositifs OSEO ne semblent pas non plus tous utilisés de la même façon au sein de l’organisme. Certaines structures semi privées tentent aussi d’en regrouper d’autres…

Les financements sont soit nationaux, soit européens ou les deux et sont souvent partagés entre les laboratoires, les universités et les entreprises avec des subventions couvrant en moyenne 50% des dépenses internes et externes. En France, OSEO est une machine à produire les dossiers financiers avec possible demande de retour des fonds en cas d’échec sans animation de retours d’expérience. OSEO peut aussi financer certains consultants en accompagnement des entreprises ou laboratoires pour monter des partenariats et des réponses souvent complexes à appels à projets. Le financement des projets s’effectue également à travers le Fonds Stratégique d’Innovation (FSI) mais également par la déduction de sommes issues du Crédit Impôt Recherche. Le chercheur et l’entreprise n’aiment pas partager le résultat de leurs travaux. Certaines ne veulent pas bénéficier de financements ou n’en éprouvent pas le besoin dans une démarche de protection des informations. Le civil a beaucoup bénéficié de la recherche de la défense (centres d’essais de la DGA, du CEA…) comme l’automobile tire profit de la formule 1 et comme l’aéronautique tire profit de l’espace. La tendance est désormais parfois inversée et l’Agence Européenne de Défense doit pouvoir créer un lien sur la recherche duale.

Les PME sont souvent invitées par des structures importantes à participer à des initiatives par intérêt d’éligibilité et non par engouement. Mais il existe des fonds dédiés aux PME en Europe et en France. Les PME sont souvent inquiètes de la charge de travail pour trouver un partenaire et élaborer le dossier qui se constitue en trois fois plus de temps en France qu’en Allemagne. Certains groupements professionnels lancent désormais des études sur le manque d’entrain de leurs adhérents pour la recherche. Les Points de Contact Nationaux essaient d’assurer au mieux leur mission d’information sur les contrats et les processus dans leurs domaines respectifs mais ne développent pas d’accompagnement sur l’optimisation de la rédaction des dossiers dont 2/3 dont acceptés au niveau européen. Nous devons donc réaliser un accompagnement plus efficace pour les programmes européens envers les PME (Eurosphère, PC et Eureka) avec un retour d’expérience de la rédaction des rapports.

 Enfin, Il convient de ne pas négliger la recherche exploratoire et fondamentale sans débouché concret obligatoire. Elle existe depuis longtemps en France et a fait la force de notre pays. Elle est souvent en amont de la recherche appliquée cherchant des applications concrètes à deux ans. N’oublions pas que pour un chercheur, ne pas trouver est déjà un résultat. Comme je l’ai déjà dit sur les investissements étatiques et privés, investir 1 euro en recherche fondamentale long terme, c’est investir 10 en recherche appliquée moyen terme et 100 dans l’entreprise à court terme. Un pont doit exister et perdurer entre les trois composantes.

Pour autant, multiplier les initiatives est sans doute bien mais mais n’y a-t-il pas parfois chevauchement, duplication, déperdition, incohérence ? Fallait-il autant de pôles ? Dans quelle vision ? L’Europe sait financer mais aussi contrôler et structurer sa recherche : on y parle désormais de Programme Cadre général avec les volets compétitivité et innovation notamment pour les PME. Mais on y évoque désormais également le finacement d’idées, de capacités, de personnes et bien entendu toujours de coopération entre les milieux universitaires, les entreprises, les centres de recherche et les autorités publiques dans toute l’UE et au-delà car l’Europe investit également dans le monde. On y parle aussi de coordination entre programmes nationaux de recherche, d’initiatives technologiques conjointes et de plates formes technologiques.

Il n’existe en France aucune cartographie des projets, structures et actions de recherche entreprises et financées sur le territoire national avec ou sans lien avec les actions européennes ou internationales. Aussi, il conviendrait d’établir un état des lieux qualitatif et qualitatif et un maillage des actions engagées avec leurs acteurs, leurs financements, leur objectifs, leur résultat à moyen ou long terme. Des enquêtes seraient réalisées sur les impacts, les résultats obtenus et le ressenti de l’employabilité des fonds publics nationaux et européens (la Commission européenne a récemment soulevé un dysfonctionnement d’attribution de financement); sur l’analyse de la recherche en France avec approches comparatives européennes, suisses, canadiennes…des succès et échecs ; sur l’analyse de la valeur engendrée, sur la définition des indicateurs d’efficacité de la recherche, sur la détermination de sites et de projets pilotes ; sur la mise en place d’un processus centralisé d’autorisation et d’audit des actions de recherche. Cet état des lieux et son suivi permettrait d’optimiser les choix de financement futurs, opérer des recadrages, d’identifier et optimiser certaines axes d’effort et initier certains échanges de bonnes pratiques notamment en matière de qualité dans une optique coût – délais – performance. Ces actions pourraient être réalisées par un département du nouveau ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Pourrait ensuite voir le jour une structure publique, genre de guichet unique et véritable cellule d’expertise technique disposant d’un conseil scientifique,  pour contrôler mais surtout établir un véritable point focal de l’état de l’art, de création de savoir et un laboratoire d’idées.

Ses équipes pluridisciplinaires publique-privée donneraient des avis, orientations et décisions sur les actions à entreprendre avant, pendant et après financement, notamment en favorisant les projets efficaces à valeur ajoutée, en les comparant avec d’autres projets en cours au niveau national, européen ou international (il existe des convention avec de nombreux pays), en effectuant des mesures, contrôles, suivis et évaluations des actions en cours, en arrêtant certains travaux, assurant des informations de retour d’expérience (RETEX) et accordant des pouvoirs d’accréditation à des correspondants miroir « qualifiés » dans les régions  pour se prononcer sur les projets avec capitalisation et centralisation permanente de l’information. Reprenant tout ou partie du budget dédié aux consultants, ces personnels accompagneraient également, et avec une efficacité suivie, l’écriture et le suivi des projets en concordance avec les règles européennes. Afin d’assurer son financement partiel, cette structure pourrait également réaliser certaines prestations intellectuelles ou pratiques de recherche dans des domaines variés et non uniquement technologiques (qualité…). Il serait établi un contrat de plan à 5 ans, à l’identique celui de l’INERIS dans le domaine des risques. Ses équipes pourront aussi effectuer des missions stratégiques amont pour mieux donner du sens aux futurs projets. En somme, faire mieux avec autant, voire moins, mais pourquoi pas aussi davantage si cela est fait de façon mesurée, réaliste, réalisable et déterminée dans le temps en tenant compte de certaines réalités dans un but de croissance et de responsabilités partagées.

Enfin, la recherche militaire de pointe a longtemps tiré le secteur civil. Dans les cycles de fragilité, il peut être concevable que les efforts de l’Etat aident à nouveau à réamorcer la dynamique collective.

 

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nouvelle opportunité de liens entre grandes et petites entreprises

29 Juin 2012 , Rédigé par francoischarles Publié dans #industrie

une nouvelle forme d'initiative prend date dans la recherche collaborative

 

en reprenant le site du ministère on lit que

"Les plates-formes mutualisées d’innovation sont destinées à offrir des ressources mutualisées (équipements, personnels et services associés) en accès ouvert, principalement aux membres du ou des pôle(s) de compétitivité labellisateur(s) et en particulier aux PME. Elles doivent permettre de mener à bien des projets de recherche et développement à forte retombées économiques, pouvant aller jusqu’à leur phase d’industrialisation et de mise sur le marché. Elles ouvrent la possibilité de procéder à des projets d’innovation, des essais et des tests, de développer des prototypes et/ou des préséries, voire de servir de laboratoires d’usages ou « living labs ».

Les plates-formes mutualisées d’innovation ont donc vocation à répondre à des besoins économiques (création, renforcement de positions de marché) avec une finalité industrielle claire par l’intermédiaire d’un outil d’excellence technologique et scientifique à caractère collaboratif. Les plates-formes doivent s’appuyer sur un modèle économique autonome au terme du versement des subventions apportées dans le cadre de ce dispositif.

L'ensemble des domaines scientifiques et technologiques est concerné par cette mesure. Certains appels à projets thématiques au sein des investissements d'avenir peuvent cependant être organisés sur des sujets proches"

 

http://competitivite.gouv.fr/les-investissements-d-avenir-une-opportunite-pour-les-poles-de-competitivite/les-projets-de-plates-formes-mutualisees-d-innovation-une-opportunite-pour-les-poles-de-competitivite-659.html

 

j'apporterai le commentaire suivant :

 

A l’instar des programmes européens qui demandent une réalisation concrète sur la base d’une réelle innovation, la plate-forme est clairement, comme elle ‘est décrite sur le site du ministère, « à finalité industrielle claire par l’intermédiaire d’un outil d’excellence technologique et scientifique à caractère collaboratif ». Le positionnement de la caisse des dépôts est un signe fort. Les PME sont une fois de plus sous le projecteur mais il conviendra de les attirer en leur donnant envie et leur faisant lever la tête du guidon plutôt que les considérer comme des aspirateurs de fonds qui leurs sont dédiés, certes en échange du gommage des problématiques administratives qui sont un réel poids lourd pour les petites structures quand elles ne sont pas « portées » même si des fonds sont dédiés à des consultants, dont je suis, pour leur faciliter la tâche, les laissant ensuite néanmoins seules une fois le programme lancé.

 

Il convient aussi de maîtriser la vision des actions à engager et engagées pour éviter toute superfétation .

lire aussi sur ce blog un article qui a été envoyé sous fore de courrier au ministère de la recherche, pour l'instant sans réponse

 

POUR UNE RECHERCHE OPTIMISEE ET INTELLIGENTE

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POUR UNE RECHERCHE OPTIMISEE ET INTELLIGENTE

19 Mai 2012 , Rédigé par francoischarles Publié dans #industrie

Le nouveau Président de la République qui a donné un geste fort, le jour de son investiture, vers un élément nécessaire à toute croissance : la recherche. Mais il n’a pas fait n’importe quel hommage. Marie Curie est certes une chercheuse étrangère venue développer, au départ bien seule, des travaux d’envergure en France, mais c’est aussi le nom des actions européennes en faveur des chercheurs, désormais regroupées dans un programme entièrement dédié aux ressources humaines dans le domaine de la recherche avec 4,7 Md€ sur 7 an.

 

 

Par François CHARLES*

*économiste, ancien responsable de politique industrielle à la DGA, accompagnateur de certains projets d’innovation nationaux et européens, ancien directeur général de l’IRDQ

 

Cet engagement est salutaire mais je rebondis aussi sur les propos tenus en Allemagne consistant à tout remettre sur la table. Aujourd’hui il convient aussi de le faire sur la recherche française et l’innovation dans une dynamique nationale, européenne et internationale. On peut comprendre certaines réticences à investir en période de rigueur mais il peut être cohérent de le faire avec vision, comme la commission européenne et surtout depuis le traité de Barcelone, si l’argent, les moyens et les efforts sont orientés avec soin.


Technologie_ICC.jpg

 

 

Les initiatives, progammes, organismes et même l’énergie ne manquent pas. Mais ce monde de la recherche est souvent encore lourd, cloisonné, avec des enjeux de pouvoir et une évidente déperdition de valeur ajoutée stratégique pour notre pays alors qu’elle en est une composante de l’intelligence économique que nous développons. Analysons certaines réalités.

 

La recherche nationale fut vraiment lancée par de Gaulle et Pompidou. Avant guerre il n’existait pas de ministère de l’industrie ni de la recherche, qui n’est d’ailleurs pas qu’industrielle. On connaissait la place de l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) et certains établissements bénéficient d’un vrai label de l’ANR, comme les Instituts Carnot en lien avec leurs cousins allemands les Fraunhofer, un premier ciment franco-allemand. Mais depuis 10 ans, les initiatives collaboratives entre universités, laboratoires et entreprises ont fleuri, essentiellement calquées sur les modèles européens du Programme Cadre de Recherche et Développement. 71 Pôles compétitivité ont été créés en 2004, de nombreux pôles d’excellence dont rurale, des Pôles de Recherche d’Enseignement supérieur (PRES), de pôles de filière voient le jour en plus des projets financés directement ou indirectement par l’Union Européenne avec ou sans les Etats (Programme Cadre, Eurêka, Eurostar..) et avec parfois l’implication des DIRECCTE ou d’OSEO.

 

Toutes les actions de recherche ne passent pas par un point focal à un moment donné de leur traitement. La recherche et la compétition se structure certes en région mais n’oublions pas notre dynamique nationale. Chaque région a lancé sa ou ses structures comme le Centre Francilien de l’Innovation en Ile de France ou Bourgogne développement, avec des organisations, des dispositifs d’aide souvent différents, ou voisins mais avec des noms différents (chèque innovation en Franche Comté et Prestation Technologique Réseau en Bourgogne…), ce qui ne facilite pas le travail de collaboration, imposant à chaque fois de refaire le point sur ce qu’il est possible à faire ou pas. Les dispositifs OSEO ne semblent pas non plus tous utilisés de la même façon au sein de l’organisme. Certaines structures semi privées tentent aussi d’en regrouper d’autres…

 

Les financements sont soit nationaux, soit européens ou les deux et sont souvent partagés entre les laboratoires, les universités et les entreprises avec des subventions couvrant en moyenne 50% des dépenses internes et externes. En France, OSEO est une machine à produire les dossiers financiers avec possible demande de retour des fonds en cas d’échec sans animation de retours d’expérience. OSEO peut aussi financer certains consultants en accompagnement des entreprises ou laboratoires pour monter des partenariats et des réponses souvent complexes à appels à projets. Le financement des projets s’effectue également à travers le Fonds Stratégique d’Innovation (FSI) mais également par la déduction du Crédit Impôt Recherche.

 

Le chercheur et l’entreprise n’aiment pas partager le résultat de leurs travaux. Certaines ne veulent pas bénéficier de financements ou n’en éprouvent pas le besoin dans une démarche de protection des informations. Le civil a beaucoup bénéficié de la recherche de la défense (centres d’essais de la DGA, du CEA…) comme l’automobile tire profit de la formule 1 et comme l’aéronautique de l’espace. La tendance est désormais parfois inversée et l’Agence Européenne de Défense doit pouvoir créer un lien sur la recherche duale.

 

Enfin, les PME sont souvent invitées par des structures importantes à participer à des initiatives par intérêt d’éligibilité et non par engouement car il existe des fonds dédiés aux PME en Europe et en France. Les PME sont souvent inquiètes de la charge de travail pour trouver un partenaire et élaborer le dossier qui se remplit en trois fois plus de temps en France qu’en Allemagne. Certains groupements professionnels lancent désormais des études sur le manque d’entrain de leurs adhérents pour la recherche. Les Points de Contact Nationaux essaient d’assurer au mieux leur mission d’information sur les contrats et les processus dans leurs domaines respectifs mais ne développent pas d’accompagnement sur l’optimisation de la rédaction des dossiers dont 2/3 dont acceptés au niveau européen.

 

Enfin, Il convient de ne pas négliger la recherche exploratoire et fondamentale sans débouché concret obligatoire qui existe depuis longtemps en France et a fait la force de notre pays, au profit de l’unique orientation de la recherche appliquée à deux ans. Investir 1 euro en recherche fondamentale, c’est 10 en recherche appliquée et 100 dans l’entreprise. Un pont doit exister et perdurer entre les trois composantes.

 

Pour autant, multiplier les initiatives est sans doute bien mais mais n’y a-t-il pas parfois chevauchement, duplication, déperdition, incohérence ?Fallait-il autant de pôles ? Dans quelle vision ?

 

L’Europe sait financer mais aussi contrôler et structurer sa recherche : on y parle désormais de Programme Cadre général avec les volets compétitivité et innovation notamment pour les PME. Mais on y évoque désormais également le finacement d’idées, de capacités, de personnes et bien entendu toujours de coopération entre les milieux universitaires, les entreprises, les centres de recherche et les autorités publiques dans toute l’UE et au-delà car l’Europe investit également dans le monde. On y parle aussi de coordination entre programmes nationaux de recherche, d’initiatives technologiques conjointes et de plates formes technologiques

 

Il n’existe en France aucune cartographie des projets, structures et actions de recherche entreprises et financées sur le territoire national avec ou sans lien avec les actions européennes ou internationales.

 

Aussi, il conviendrait d’établir un état des lieux qualitatif et qualitatif et un maillage des actions engagées avec leurs acteurs, leurs financements, leur objectifs, leur résultat à moyen ou long terme.

 

Des enquêtes seraient réalisées sur les impacts, les résultats obtenus et le ressenti de l’employabilité des fonds publics nationaux et européens (la Commission européenne a récemment soulevé un dysfonctionnement d’attribution de financement); sur l’analyse de la recherche en France avec approches comparatives européennes, suisses, canadiennes…des succès et échecs ; sur l’analyse de la valeur engendrée, sur la définition des indicateurs d’efficacité de la recherche, sur la détermination de sites et de projets pilotes ; sur la mise en place d’un processus centralisé d’autorisation et d’audit des actions de recherche.

 

Cet état des lieux et son suivi permettrait d’optimiser les choix de financement futurs, opérer des recadrages, d’identifier et optimiser certaines axes d’effort et initier certains échanges de bonnes pratiques notamment en matière de qualité dans une optique coût – délais – performance.

 

Ces actions pourraient être réalisées par un département du nouveau ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

 

Pourrait ensuite voir le jour une structure publique, genre de guichet unique et véritable cellule d’expertise technique disposant d’un conseil scientifique,  pour contrôler mais surtout établir un véritable point focal de l’état de l’art, de création de savoir et un laboratoire d’idées.

 

Ses équipes pluri-disciplinaires publique-privée donneraient des avis, orientations et décisions sur les actions à entreprendre avant, pendant et après financement, notamment en favorisant les projets efficaces à valeur ajoutée, en les comparant avec d’autres projets en cours au niveau national, européen ou international (il existe des convention avec de nombreux pays), en arrêtant certains travaux, en effectuant des mesures, contrôles, suivis et évaluations des actions courantes, assurant des informations de retour d’expérience (RETEX) et accordant des pouvoirs d’accréditation à des correspondants miroir « qualifiés » dans les régions  pour se prononcer sur les projets avec capitalisation et centralisation permanente de l’information. Reprenant tout ou partie du budget dédié aux consultants, ces personnels accompagneraient également, et avec une efficacité suivie, l’écriture et le suivi des projets en concordance avec les règles européennes.

 

Afin d’assurer son financement partiel, cette structure pourrait également réaliser certaines prestations intellectuelles ou pratiques de recherche dans des domaines variés et non uniquement technologiques (qualité…). Il serait établi un contrat de plan à 5 ans, à l’instar de l’INERIS dans le domaine des risques. Ses équipes pourront aussi effectuer des missions stratégiques amont pour mieux donner du sens aux futurs projets.

 

En somme, faire mieux avec autant, voire moins, mais pourquoi pas aussi davantage si cela est fait de façon mesurée, réaliste, réalisable et déterminée dans le temps en tenant compte de certaines réalités dans un but de croissance et de responsabilités partagées..  

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un ministère du "redressement productif" déconnecté de Bercy

18 Mai 2012 , Rédigé par francoischarles Publié dans #industrie

 

Le nouveau gouvernement redéconnecte le ministère de l'industrie de Bercy et c'est une décision intéressante à suivre avec soin. L'appellation ne l'est pas moins.

 

le ministère de l'industrie est souvent rattaché à l'économie. Il n'y a pas eu de vrai ministère de l'industrie avant 1940. La France ne connaissait pas son potentiel industriel. En 1918, nous avions un ministère de la "reconstitution industrielle" avec une effet de relance. Le ministère s'est appelé "production industrielle" notamment pour faire face aux exigeances et aux capacités allemandes. De 1969 à 74, puis en 1984 sous la gauche nous avons connu un ministère du développement industriel

 

Il convient de faire la différence entre la continuité, le développement et la relance. Nous considérons donc que nous ne sommes pas en développement mais en relance de crise. L'avantage d'une déconnexion est de pouvoir mieux investir avec une logique industrielle et non financière, le risque est de le faire de façon trop ambitieuse et non contrôlée

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POUR UNE VRAIE POLITIQUE INDUSTRIELLE

25 Février 2012 , Rédigé par francoischarles Publié dans #industrie

Nicolas Sarkozy prend son téléphone et une usine (et pas une entreprise) est sauvée par un grand patron acceptant l’idée de possible diversification des salariés et s’engageant à acheter la production mais avec quels risques et pour combien de temps ? Merci monsieur le Président et merci à cet industriel du luxe. On se souvient aussi du Président Chirac super VRP à l’export et sûrement sans calcul politique pour faire référencer nos entreprises. Je dis bravo car j’en ai fait autant dans l’administration et continue à essayer de le faire dans mon nouveau positionnement pour préserver notre industrie et nos services.

Par contre, on voit que le porteur de sens est en fait manager opérationnel pour éteindre le feu comme un général reprenant la baïonnette. Outre le fait que cela semble naturel chez ces chefs d’Etat, où certains « facilitateurs en dehors du cadre », parfois même blâmés pour leurs actions, cela démontre néanmoins un sempiternel manque d’efficacité ou de vision, voire de dysfonctionnement assourdissant des ministères, des chambres de commerce et des régions, qui pourraient « penser autrement pour agir autrement » avec un certain décloisonnement national.

Cela démontre également un manque de lien permanent, sauf en cas de besoin, entre l’entreprise, les collectivités et l’Etat. Et ne venez pas me dire que cela marche ! Lors des Etats généraux de l’export en Bourgogne, j’avais l’impression d’être à l’âge de pierre ! Je pensais que l’intelligence économique était passée par là…


Par François CHARLES*
* conseil en stratégie et management en Europe, économiste, ancien responsable de politique industrielle et d’intelligence économique à la DGA, au ministère de la défense


L’absence d’intérêt du ministère de l’économie et de l’industrie sur ma demande de décision politique d’ouverture des moyens industriels des derniers ateliers industriels étatiques, au profit des PME me désole. Je profite de cette occasion pour réaffirmer ma vision de transformer la maintenance aéronautique militaire en établissement public ou société nationale pour une meilleure responsabilisation, transparence des coûts, et efficacité en partenariat naturel ou forcé avec les entreprises privées du secteur.

En politique générale, j’enseigne que l’objectif d’une politique est d’établir « une règle de conduite décidée pour une certaine période de temps en vue d’atteindre certains objectifs généraux ». Elle se rapproche de la stratégie qui pose les questions quoi ? pourquoi ? et quand ? Elle est une « orientation fondée sur la base d’une analyse multicritères visant à atteindre, ou non, de façon déterminante et à long terme, un certain positionnement contre certains adversaires avec un impact sur les activités et structures de l’organisation »

Cette politique, qui doit donner une vision, un cap, peut être libérale et sociale dans le sens où elle doit définir le cadre de travail mais ensuite inviter les entreprises à y venir travailler à livres ouverts, à couts objectifs, avec bonus et malus sans oublier les composantes humaines et certaines réalités. Libéral ne veut pas dire laisser faire.

La politique industrielle n’est pas que financière même si sauver une usine, c’est aussi trouver une solution financière. Il s’agit de revoir la base de la stratégie commerciale et industrielle, ainsi que l’organisation. Parfois les sociétés de capital risque sont de vrais acteurs de politique industrielle car ils préservent pendant une certaine durée des joyaux qu’ils ont vus comme stratégiques et porteurs en espérant que cette fois la fée « repreneur » se penchera enfin sur leurs berceau quand ils se retireront.

Des fonds sont créés pour aider les PME comme la Corée le faisait longtemps avant nous. Je pense que l’Etat doit prendre certaines prises de participation dans les industries ou sociétés de service identifiées comme stratégiques depuis 10 ans et prendre une place de co-décision en respectant la prise en compte des réalités de la concurrence et de l’entreprise. Je soutiens également la possibilité, par les régions, d’intervenir en haut de bilan d’entreprises stratégiques à préserver ainsi que la création de fonds régionaux.

Par expérience, certaines entreprises bénéficient ou se sentent prisonnières, en fonction des dossiers, de la tutelle ministérielle notamment dans l’armement et dans le transport aérien. Dans le premier cas, le vrai contrôle réside l’interdiction d’exporter. Même majoritaire, l’Etat ne tient pas à s’investir et remplacer le rôle de l’industriel et traite de dossiers au cas par cas au bon vouloir et derrière la puissance de ce dernier. Ceci n’est pas acceptable. Les fonctionnaires nommés en conseil d’administration diront peut-être le contraire et leur compétences limitées du fonctionnement des entreprises y est sans doute aussi pour quelque chose.

Une politique industrielle passe par la capacité à donner l’exemple et agri avec force et vision pour l’emploi des fonds publics.  Quand on voit les résultats souvent sans aboutissements des alertes courageuses de la Cour des Comptes, comment pouvons-nous aborder une politique industrielle ! Et que dire des autres domaines comme par exemple la politique sociale, de santé et des transports que j’aborderai dans un autre article.

S’agissant du domaine automobile, par connaissance des marchés et réalités internationales, je respecte la décision du président de Renault de fabriquer à l’étranger tout en conservant certains organes clés de valeur ajoutée en France comme les batteries et les boîtes de vitesses ou les moteurs. Mais ces voitures doivent-elles être vendues en France ? Certainement pas. Mais n’oublions pas qu’il s’agissait d’une anomalie comme quand trois dirigeants ont été accusés, sans preuves, d’espionnage économique. N’oublions pas que la LOGAN, qui était destinée pour les marchés extérieurs, a créé un vrai bouleversement inattendu du marché français de la petite voiture quand elle a été exposée et que tout le monde l’a désirée. Et pourquoi est-elle donc commercialisée sous la marque Renault en dehors de nos frontières ? Elle a eu le mérite d’assainir le parc français en voyant revenir des voitures de 500 000 km. Je considère qu’une fabrication en Europe sauve une certaine logique avec des coûts du travail moindres encore au Portugal ou dans les pays de l’Est mais peut être plus pour longtemps. Que Carlos Ghosn n’oublie pas non plus que la gestion de projet à coût objectif de la Twingo est restée un modèle et que maître d’œuvre et sous-traitants peuvent travailler ensemble, ces derniers pouvant eux-mêmes aller chercher d’autres solutions.

Réinstallons une vraie politique industrielle comme nous l’avons vécue avec le Général de Gaulle, et comme continue à le faire le Japon mais avec cette fois des réalités européennes.

Une vraie politique  industrielle signifie une stratégie partagée entre niveaux industriels pas uniquement à cause d’un système d’information ou d’une normalisation commune mais pour une anticipation des besoins, des investissements, des carnets de commande pour éviter que certains sous-traitants aient affaire à des « acheteurs ». Attention en cela aux discours de certains dirigeants de grands groupes qui ne correspondent pas à la réalité du terrain.  Une vraie politique industrielle signifie des prises de participation dans les groupes ou entreprises jugés stratégiques pour nos intérêts vitaux ou signifie opérer une vraie force de tutelle pour avoir un mot à dire même si le dirigeant ou l’actionnaire majoritaire veut abandonner ou en faire « à sa tête » refusant tout contrôle parfois nécessaire, alors même que l’Etat est propriétaire à 97%. Une politique industrielle signifie un portage qui ne fonctionne absolument pas aujourd’hui au niveau national entre les entreprises de taille différente et une veille sur la continuité des liens avec les PME nationales dans le cadre des marchés exports et notamment de haute technologie. Cela signifie savoir mettre les PME sous « couveuse » en incubateur sous l’ombrelle des groupes ; cela signifie une vraie définition, un pilotage et un suivi courageux des objectifs avec recadrages potentiels ; cela signifie d’établir une optimisation financières et qualitative des initiatives de recherche nationales,  régionales, transrégionales, et la stabilisation voire la réduction des pôles de compétitivité. Je salue en passant la réduction du nombre de bases de défense dans un souci d’optimisation industrielle et opérationnelle.
 
Cette politique industrielle peut être régionale mais dans une dynamique nationale et dans des réalités et une vision européenne, en évitant de faire « des coups » mais en développant plutôt une vraie stratégie et des objectifs précis, mesurables, réalisables  et déterminés dans le temps. Il ne s’agit pas d’établir in fine un état des actions avec comptabilisation des sommes investies. Les retours d’expérience régionaux comme par exemple Alizée en Cote d’Or dans le domaine administratif, doivent être partagés au niveau national pour une optimisation des  actions en considérant que la concurrence entre régions doit se faire au niveau européen et non pas au niveau national.

Et pourquoi pas une politique industrielle européenne intérieure cohérente avec sa politique extérieure ? Elle passerait par une vraie segmentation du travail comme celle d’Airbus avec des savoir-faire complémentaires, certes difficile à faire dans le domaine de la haute technologie, chacun voulant tirer la couverture à soit de par la valeur ajoutée qu’elle représente ; elle passerait par une révision de la vision de la concurrence et une protection des savoir-faire dans un Buy European Act, comme le Buy Americacn Act, privilégiant les achats européens sans interdire les autres. Cette protection commune limiterait certainement de facto la surveillance et la limitation de l’intervention des Etats de façon souveraine pour ne pas fausser la concurrence. Enfin, une vraie politique industrielle européenne trouverait sa voie au sein des affaires industrielles de défense au sein de l’OTAN, véritable lien d’échange en dehors des processus traditionnels de l’Union et vecteur d’intégration européenne.


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