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Le blog philosophique de francois CHARLES

recherche nationale et européenne

9 Mars 2013 , Rédigé par francoischarles Publié dans #industrie

voici la partie Recherche de mon programme "social, écologique et semi libéral" publié récemment

 

Le nouveau Président de la République a donné un geste fort, le jour de son investiture, vers un élément nécessaire à toute croissance : la recherche. Mais il n’a pas fait n’importe quel hommage. Marie Curie est certes une chercheuse étrangère venue développer, au départ bien seule, des travaux d’envergure en France, mais c’est aussi le nom des actions européennes en faveur des chercheurs, désormais regroupées dans un programme entièrement dédié aux ressources humaines dans le domaine de la recherche avec 4,7 Md€ sur 7 an. Cet engagement est salutaire mais je rebondis aussi sur les propos tenus en Allemagne consistant à tout remettre sur la table. Aujourd’hui il convient aussi de le faire sur la recherche française et l’innovation dans une dynamique nationale, européenne et internationale. On peut comprendre certaines réticences à investir en période de rigueur mais il peut être cohérent de le faire avec vision, comme la commission européenne et surtout depuis le traité de Barcelone, si l’argent, les moyens et les efforts sont orientés avec soin. Les initiatives, progammes, organismes et même l’énergie ne manquent pas. Mais ce monde de la recherche est souvent encore lourd, cloisonné, avec des enjeux de pouvoir et une évidente déperdition de valeur ajoutée stratégique pour notre pays alors qu’elle en est une composante de l’intelligence économique que nous développons. Analysons certaines réalités.

La recherche nationale fut vraiment lancée par le général de Gaulle et Georges Pompidou. Avant guerre il n’existait pas de ministère de l’industrie ni de la recherche, qui n’est d’ailleurs pas qu’industrielle. On connaissait la place de l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) et certains établissements bénéficient d’un vrai label de l’ANR, comme les Instituts Carnot en lien avec leurs cousins allemands les Fraunhofer, un premier ciment franco-allemand. Mais depuis 10 ans, les initiatives collaboratives entre universités, laboratoires et entreprises ont fleuri, essentiellement calquées sur les modèles européens du Programme Cadre de Recherche et Développement. 71 Pôles compétitivité ont été créés en 2004, de nombreux pôles d’excellence dont rurale, des Pôles de Recherche d’Enseignement supérieur (PRES), de pôles de filière voient le jour en plus des projets financés directement ou indirectement par l’Union Européenne avec ou sans les Etats (Programme Cadre, Eurêka, Eurostar..) et avec parfois l’implication des DIRECCTE ou d’OSEO. Toutes les actions de recherche ne passent pas par un point focal à un moment donné de leur traitement. La recherche et la compétition se structurent certes en région mais n’oublions pas notre dynamique nationale. Chaque région a lancé sa ou ses structures comme le Centre Francilien de l’Innovation en Ile de France ou Bourgogne développement, avec des organisations, des dispositifs d’aide souvent différents, ou voisins mais avec des noms différents (chèque innovation en Franche Comté et Prestation Technologique Réseau en Bourgogne…), ce qui ne facilite pas le travail de collaboration, imposant à chaque fois de refaire le point sur ce qu’il est possible à faire ou pas. Les dispositifs OSEO ne semblent pas non plus tous utilisés de la même façon au sein de l’organisme. Certaines structures semi privées tentent aussi d’en regrouper d’autres…

Les financements sont soit nationaux, soit européens ou les deux et sont souvent partagés entre les laboratoires, les universités et les entreprises avec des subventions couvrant en moyenne 50% des dépenses internes et externes. En France, OSEO est une machine à produire les dossiers financiers avec possible demande de retour des fonds en cas d’échec sans animation de retours d’expérience. OSEO peut aussi financer certains consultants en accompagnement des entreprises ou laboratoires pour monter des partenariats et des réponses souvent complexes à appels à projets. Le financement des projets s’effectue également à travers le Fonds Stratégique d’Innovation (FSI) mais également par la déduction de sommes issues du Crédit Impôt Recherche. Le chercheur et l’entreprise n’aiment pas partager le résultat de leurs travaux. Certaines ne veulent pas bénéficier de financements ou n’en éprouvent pas le besoin dans une démarche de protection des informations. Le civil a beaucoup bénéficié de la recherche de la défense (centres d’essais de la DGA, du CEA…) comme l’automobile tire profit de la formule 1 et comme l’aéronautique tire profit de l’espace. La tendance est désormais parfois inversée et l’Agence Européenne de Défense doit pouvoir créer un lien sur la recherche duale.

Les PME sont souvent invitées par des structures importantes à participer à des initiatives par intérêt d’éligibilité et non par engouement. Mais il existe des fonds dédiés aux PME en Europe et en France. Les PME sont souvent inquiètes de la charge de travail pour trouver un partenaire et élaborer le dossier qui se constitue en trois fois plus de temps en France qu’en Allemagne. Certains groupements professionnels lancent désormais des études sur le manque d’entrain de leurs adhérents pour la recherche. Les Points de Contact Nationaux essaient d’assurer au mieux leur mission d’information sur les contrats et les processus dans leurs domaines respectifs mais ne développent pas d’accompagnement sur l’optimisation de la rédaction des dossiers dont 2/3 dont acceptés au niveau européen. Nous devons donc réaliser un accompagnement plus efficace pour les programmes européens envers les PME (Eurosphère, PC et Eureka) avec un retour d’expérience de la rédaction des rapports.

 Enfin, Il convient de ne pas négliger la recherche exploratoire et fondamentale sans débouché concret obligatoire. Elle existe depuis longtemps en France et a fait la force de notre pays. Elle est souvent en amont de la recherche appliquée cherchant des applications concrètes à deux ans. N’oublions pas que pour un chercheur, ne pas trouver est déjà un résultat. Comme je l’ai déjà dit sur les investissements étatiques et privés, investir 1 euro en recherche fondamentale long terme, c’est investir 10 en recherche appliquée moyen terme et 100 dans l’entreprise à court terme. Un pont doit exister et perdurer entre les trois composantes.

Pour autant, multiplier les initiatives est sans doute bien mais mais n’y a-t-il pas parfois chevauchement, duplication, déperdition, incohérence ? Fallait-il autant de pôles ? Dans quelle vision ? L’Europe sait financer mais aussi contrôler et structurer sa recherche : on y parle désormais de Programme Cadre général avec les volets compétitivité et innovation notamment pour les PME. Mais on y évoque désormais également le finacement d’idées, de capacités, de personnes et bien entendu toujours de coopération entre les milieux universitaires, les entreprises, les centres de recherche et les autorités publiques dans toute l’UE et au-delà car l’Europe investit également dans le monde. On y parle aussi de coordination entre programmes nationaux de recherche, d’initiatives technologiques conjointes et de plates formes technologiques.

Il n’existe en France aucune cartographie des projets, structures et actions de recherche entreprises et financées sur le territoire national avec ou sans lien avec les actions européennes ou internationales. Aussi, il conviendrait d’établir un état des lieux qualitatif et qualitatif et un maillage des actions engagées avec leurs acteurs, leurs financements, leur objectifs, leur résultat à moyen ou long terme. Des enquêtes seraient réalisées sur les impacts, les résultats obtenus et le ressenti de l’employabilité des fonds publics nationaux et européens (la Commission européenne a récemment soulevé un dysfonctionnement d’attribution de financement); sur l’analyse de la recherche en France avec approches comparatives européennes, suisses, canadiennes…des succès et échecs ; sur l’analyse de la valeur engendrée, sur la définition des indicateurs d’efficacité de la recherche, sur la détermination de sites et de projets pilotes ; sur la mise en place d’un processus centralisé d’autorisation et d’audit des actions de recherche. Cet état des lieux et son suivi permettrait d’optimiser les choix de financement futurs, opérer des recadrages, d’identifier et optimiser certaines axes d’effort et initier certains échanges de bonnes pratiques notamment en matière de qualité dans une optique coût – délais – performance. Ces actions pourraient être réalisées par un département du nouveau ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Pourrait ensuite voir le jour une structure publique, genre de guichet unique et véritable cellule d’expertise technique disposant d’un conseil scientifique,  pour contrôler mais surtout établir un véritable point focal de l’état de l’art, de création de savoir et un laboratoire d’idées.

Ses équipes pluridisciplinaires publique-privée donneraient des avis, orientations et décisions sur les actions à entreprendre avant, pendant et après financement, notamment en favorisant les projets efficaces à valeur ajoutée, en les comparant avec d’autres projets en cours au niveau national, européen ou international (il existe des convention avec de nombreux pays), en effectuant des mesures, contrôles, suivis et évaluations des actions en cours, en arrêtant certains travaux, assurant des informations de retour d’expérience (RETEX) et accordant des pouvoirs d’accréditation à des correspondants miroir « qualifiés » dans les régions  pour se prononcer sur les projets avec capitalisation et centralisation permanente de l’information. Reprenant tout ou partie du budget dédié aux consultants, ces personnels accompagneraient également, et avec une efficacité suivie, l’écriture et le suivi des projets en concordance avec les règles européennes. Afin d’assurer son financement partiel, cette structure pourrait également réaliser certaines prestations intellectuelles ou pratiques de recherche dans des domaines variés et non uniquement technologiques (qualité…). Il serait établi un contrat de plan à 5 ans, à l’identique celui de l’INERIS dans le domaine des risques. Ses équipes pourront aussi effectuer des missions stratégiques amont pour mieux donner du sens aux futurs projets. En somme, faire mieux avec autant, voire moins, mais pourquoi pas aussi davantage si cela est fait de façon mesurée, réaliste, réalisable et déterminée dans le temps en tenant compte de certaines réalités dans un but de croissance et de responsabilités partagées.

Enfin, la recherche militaire de pointe a longtemps tiré le secteur civil. Dans les cycles de fragilité, il peut être concevable que les efforts de l’Etat aident à nouveau à réamorcer la dynamique collective.

 

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