Retrouvez mon allocution d'introduction lors de notre dîner de juillet avec SE l'Ambassadeur de Pologne en France
Votre Excellence, merci d’avoir accepté notre invitation sur un thème d’importance "la Pologne, un autre moteur européen" qui est celui de la connaissance, la compréhension et l’acceptation commune pour faire que les différences soient plutôt des forces communes afin de réussir à créer un leadership européen porteur de sens. Je tiens à souligner que notre intention existait depuis longtemps et que les différentes annonces récentes ne sont qu’un concours de circonstance de calendrier.
Je ne doute pas que le diplomate, mais aussi l’homme de promotion que vous êtes, comme nous l’avons découvert dans votre biographie, saura y répondre en essayant de nous faire porter « d’autres lunettes » pour peut-être nous faire partager une autre vision de la Pologne et de l’Europe. Nous avons eu l’honneur d’accueil un autre diplomate en 2014 en la personne de madame l’Ambassadeur d’Autriche, qui nous avait parlé gouvernance, tout en reconnaissant son entrain à défendre les « PME » … entendez par là les « Petits et Moyens Etats ». Vous précédez par ailleurs l’ambassadeur de Grande Bretagne qui a accepté d’intervenir à l’automne sur le thème « quel moteur franco-britannique » à une date qui sera bientôt précisée.
Les méthodes connues en entreprises peuvent être appliquée à l’Europe. Le slogan « Unis dans la diversité » doit faire notre force plutôt que nous diviser et l’essentiel est bien avant tout de se connaître pour éviter les a priori mais aussi prendre conscience de certaines réalités comme celles de l’interdépendance +/+, win-win ou gagnant-gagnant, qui n’est pas forcément 50/50 quel que soit le terme employé. Les peuples européens, au-delà des entreprises et des institutions, ont besoin de savoir ce que les autres leur apportent, pour quel objectif positif, avec quel retour sur investissement… Heureusement de nombreuses PME ont su voir les opportunités des fonds structurels développés dans votre pays pour y implanter de nouvelles technologies à travers certaines coopérations plutôt que blâmer le fait qu’ils n’existaient quasi plus en France, sans être par ailleurs totalement consommés. De le même façon le fameux « plombier polonais » peut être vu soit comme une épine, soit comme une force génératrice d’emplois de par les compétences, et la « planche à secousse » qu’il procure, sans forcément tomber dans une concurrence trop libre car une certaine structure est néanmoins garante de l’équilibre des grands systèmes. Nous aurions pu également aborder le problème transverse des transports généralement développé … par certaines entreprises dont le siège est en France.
De façon indépendante, et même si pour l’instant majoritairement français, l’IRCE cherche à identifier, faire valoir et partager ce qui semble être bon pour l’Europe, notamment dans des domaines de la défense, de l’économie, de l’énergie, des transports... Tant mieux si c’est en France qui a souvent été menante, mais pourquoi pas en Pologne, et pourquoi pas avec un terrain issu d’un grand alambic avec l’Allemagne – en référence au triangle de Weimar entre la F, l’Allemagne et la Pologne - et d’autres pays et pas forcément tous dans tous les domaines. Partager les valeurs de l’IRCE c’est saluer des entreprises PME ou grands groupes qui se développent plutôt en Europe, - et je tenais à excuser l’absence de dernière minute de M. Guillaume Faury, Pdt d’AH, qui nous a permis agréablement de découvrir le nouvel hélicoptères de transport au salon du Bourget et qui mise sur la Pologne comme cinquième (non pas élément) mais pilier du groupe - c’est saluer des écoles comme ESCP Europe qui ont compris ce que l’Europe et chaque pays peut apporter, - et je saluerai notre ami Gilles Gouteux qui représente Franck Bournois, le DG d’ESCP EUROPE qui a annoncé l’ouverture de son 6° campus à Varsovie - c’est saluer la recherche scientifique qui tente de rassembler des compétences et des personnes, c’est saluer une vente de Grippen au Brésil en espérant que la Suède aide à vendre les Rafales, c’est aussi être bienveillant aux solutions étasuniennes tout en essayant d’en tirer profit, comme certains d’entre nous avions su le faire en créant une identité européenne au sein de l’OTAN, en la considérant comme vecteur d’intégration européenne, comme vous êtes sans doute en train d’y contribuer aussi par vos annonces récentes pour vos achats de défense. Je relèverai qu’apparemment ce n’est pas la première fois que vous achetez européen et même français car parait il qu’en 1939 vous aviez déjà l’intention d’acheter des avions. En tant qu’ancien responsable de la politique d’offsets à la DGA, qui ait justement tout fait pour la laisser souple, j’espère que nous serons dans une logique de coopération et de renforcement de compétences, notamment en innovation, voire sur les fondements d’un futur Buy European Act.
La théorie des organisations nous enseigne que les sous-groupes sont naturels et salvateurs à partir d’une certaine dimension du groupe général. La notion de groupes de cohérence peut aussi sauvegarder, mieux que sauver, l’esprit européen, si particulier et si riche - et je reprendrai l’image du diamant aux multiples facettes mais dans une même pierre - et n’implique pas que les pays soient voisins, passant du leadership bienveillant à réellement démocratique. Comme me le disait encore notre ami attaché de défense espagnol, le moteur franco-allemand certes, mais à 28 ne peut-il pas y en avoir plusieurs, même s’il pensant plutôt à celui de sa péninsule.
S’il était sans doute opportun qu’un noyau dur de Nations commence le travail de construction, que votre pays a enfin pu rejoindre, sans non plus avoir l’intention d’y perdre son âme et avec sa vision de l’Europe, il s’avère que le centre de gravité de l’Union Européenne a peut être bougé. Le laboratoire du groupe de VISEGRAD, créé en 1335 et repris en 1991, réunissant quelques pays dans le domaine structurel et désormais éducatif, artistique et culturel, et peut-être dans la spécialisation des forces, est sans aucun doute un exemple à suivre pour les groupes de cohérence même si vous semblez avoir aussi d’autres lunettes s’agissant des objectifs de Kyoto en matière de développement durable.
J’ai toujours cru depuis longtemps à la Pologne comme moteur de la partie ou d’une partie est de l’Europe et nous aimons d’ailleurs à le partager souvent avec madame l’ambassadeur d’Allemagne. Mais est-ce un moteur auxiliaire, tel l’APU d’un avion ou alors un réel moteur complémentaire et sécurisant, permettant aussi à l’avion de continuer sa mission ? Quelle est son identité ? sa force motrice ? ses forces, ses faiblesses vis-à-vis des attentes de l’environnement considéré et des menaces identifiables.
Votre Excellence je vous laisse – enfin – la parole