Gouvernement Barnier 1 : qui perd gagne, et pourquoi pas
Au lendemain de la constitution du gouvernement Barnier, les enchères sont lancées sur sa pérennité. L’exercice proposé est intéressant et original, mais la France sait souvent innover. Avec un gouvernement plutôt centre et droite modérée, sans participation ni du parti gagnant de droite ou de la coalition de gauche, ces derniers auront vite fait de se renvoyer la balle et de blâmer tel ou tel soutien, sauf s’ils s’accordent avec le gouvernement sur certains dossiers ou directement entre eux sans passer par le centre, comme savent le faire les électeurs. Reste l’attitude du PS à analyser de près dans ce jeu d’équilibriste où il faut néanmoins avancer, au moins sur le budget.
Par François CHARLES
Economiste, politologue, conseil en politique générale des organisations
Rappelons la répartition par partis et apparentés , comme on le voit sur le site de l’Assemblée nationale : RN 126, Ensemble 96, LFI NFP 72, PS donc en dehors de NFP 66, Droite républicaine (supposant que le reste n’y est pas) 47, écologie et social 38, les Démocrates (supposant que les autres ne le sont pas) 26, Horizons et indépendants 33, Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires 22, Gauche démocratique et républicaine (supposant idem) 17, UDR (Eric Ciotti) 16, sans oublier 8 non inscrits.
Au regard de cela, le Président de la République a considéré que personne n’avait gagné et a finalement demandé à un membre modéré de la Droite républicaine, bien connu pour son côté grand serviteur de l’Etat avec quelques convictions, de constituer un gouvernement technique, mais tout de même très politique, alors que le juste centre qu’est le Modem, aurait pu avoir une nouvelle fois sa justification si tant est qu’il accepte de parler avec tout le monde. Les options RN et NFP, qui seraient sans doute tout de suite tombées, ont été oubliées réfutant finalement la notion de coalition sauf au centre et droit et non avec les partis en tête. Notons tout de même l’élément marquant de bienveillance avec le RN qu’il reconnait, aussitôt blâmé par LFI.
Les ministres, quasi tous issus de renaissance ou des Républicains, plus quelques Modem et UDI, et ex PS ou ex élus de tel ou tel camp, se mettent au travail avant la rentrée parlementaire comme si tout allait bien madame la marquise.
Les jeux politiques et psychologiques sont là partant du « sans toi » au « tu vois comme j’ai essayé » en passant par le « Schlemiel ». La rentrée parlementaire commencera-t-elle par une motion de censure ? Mais gare si elle est perdue, LFI annonçant qu’elle ne votera pas une motion du RN mais incite tout de même le RN à le faire.
Les uns vont miser sur le pacte républicain qui s’est opposé au RN, qui n’est donc apparemment pas républicain, sans doute si l’on se réfère à l’histoire, et qui se renforce à chaque fois qu’on le diabolise, sans vraiment essayer de comprendre sa dynamique parfois positive. Le NFP se met aussi à l’attitude de la cravate dont ils se moquent pour le RN et LFI a vite oublié qu’un dirigeant avait brûlé le drapeau européen.
S’agissant des dossiers, bien malin celui qui aura déjà l’issue des votes et du jeu des amendements, mais Bruxelles n’aura sans doute pas de complaisance en matière budgétaire. Peut-être que c’est là aussi une explication de la dissolution sachant que l’ancien gouvernement allait de toute façon dans le mur, avec des choix de soutien d’investissement plutôt que subventions qui auraient pu fonctionner. Le programme du NFP, comme celui de F. Mitterrand en 1981, même rebelle et opposé à toute invective extérieure, n’aurait sans doute pas duré longtemps.
Le PS, qui revient dans un rôle de modération, pourrait sans doute raccrocher les wagons d’une coalition intelligente avec le centre et la droite modérée pour assurer une certaine stabilité. Reste à savoir vraiment pourquoi le candidat pressenti sortant de ses rangs avait été écarté.
Le vote européen serait-il finalement vraiment européen ?
Pour la nomination du Premier ministre, le président de la République annonce qu'il respecte le vote des Français. Voulait-il dire qu'il respectait ce qu'il jugeait être bien pour les Français ?
Il l'a fait après le vote pour le Parlement européen que l'on dit toujours être plutôt un vote national alors que s'il n'avait rien fait, rien n'aurait changé en France.
Mais, après la dissolution, et l'appel républicain, le RN n'a pas obtenu la majorité, tout en étant le Premier parti, mais non le premier groupe, à l'Assemblée nationale. Donc finalement, le vote du parlement européen était-il européen car de plus on voit bien que certaines députés européens ne recueillent que quelques pourcentages pour les élections législatives nationales dans leur circonscription
Mais la gauche n'est pas forcément majoritaire à Bruxelles et une présidente de groupe se permet même d'arranguer durement la Présidente sans être privée d'accolade.
Mais pourtant, le Président de la République n'a pas nommé la personne enfin trouvée par le Front de gauche, de peur qu'elle réussisse ? ou qu'elle pousse une nouvelle dissolution ?
Le PR nomme Michel Barnier, issu d'un parti LR quasi désormais inexistant dont au niveau européen pour la France, après de nombreux autres choix révoqués mais est-il vraiment politique, plutôt homme de sagesse, de dialogue et d'ouverture notamment vers RN. Et quel a été son dernier poste ? négociateur pour l'UE pour le Brexit avec une erreur de casting en face au départ ...
on se la refait ?
Quel Premier ministre ?
La nomination de Michel Barnier était le risque d'une personne du PR plutôt qu'avec une étiquette plutôt "centriste", même si "grand serviteur de l'Etat", pour essayer d'éviter une opposition systématique des uns ou des autres. Et si nous avions demandé à Romano Prodi ? finalement un non Français, et plutôt "technique", cela aurait il étonné plutôt qu'opposé ? Le fait que la gauche, hors PS désormais plutôt au centre gauche, manifeste, montre une volonté de désordre, quand on sait que JL Mélenchon a brulé le drapeau européen.