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Le blog philosophique de francois CHARLES

EMMANUEL MACRON LE KENNEDY FRANCAIS ET EUROPEEN

23 Mai 2017 , Rédigé par francoischarles

Emmanuel Macron : le Kennedy français et européen

Avant d'aborder le regard européen de cette élection, je me laisserai aller à la fois à quelques lignes de politique nationale intelligente et de psychologie.

Emmanuel Macron a remporté une victoire multiple : une victoire de la confiance, de la jeunesse, qui est cette fois présente sur l'estrade sans avoir besoin de faire le pot de fleur derrière les vieux routiers de la politique, de l'élan et de la rupture mais contrôlée et réalisable. Comme Kennedy, dont il a repris la teneur du discours, il est le plus jeune président français, porteur d'espoir et de rêve. Emmanuel Macron a du lire les fabliaux du management pour penser autrement et agir autrement. C'est une victoire de la communication et de la parfaite mise en scène au détail sauf quelques loupés bien vite corrigés en montant les marches quatre à quatre ; une victoire sur les clivages stériles en misant sur celles et ceux qui savent ou vont faire de la politique intelligente sur leurs deux pieds et pour certains sans a priori; une victoire sur l'entrain à aller voter car c'est un autre public que l'on a vu au Carrousel du Louvre qui sans doute ne s'exprimait pas avant et sur l'abstention qui s'est surtout exprimée chez les votants traditionnels qui n'ont pas voulu voter ou voter blanc ; une victoire sur les chiffres avec plus de 66% des votes quand on lui donnait moins de 60, une victoire du courage sans parti ni troupes il y a encore un an, une victoire de l'enthousiasme, de le réconciliation et de la restauration du rôle du président ; une victoire de la politique rafraîchissante en dehors des petits arrangements électoraux ; une victoire sur le doute du rôle de la France dans l'Europe et pour l'Europe et enfin une victime relative sur le système car EM a tout de même travaillé avec M. Rocard et F. Hollande pour ensuite être nommé à un ministère puis certes s'en détacher et a profité des ors de la République sans en avoir pourtant été semé dans le meilleur terreau. Et enfin, une victoire du glamour sur les déceptions et les faux semblants. Espérons qu'il ne suivra pas le même chemin funeste que Kennedy et que les aigris ne le tueront pas.

Est-ce un sursaut ou un sursis dans cette France qui aime le clivage et l'arbitrage entre la droite et la gauche et désormais la rupture entre les campagnes et les villes, comme entre les régions côtières et l'intérieur des terres. Cet homme porteur de sens qui a certes servi la gauche sans en être vraiment, comme Dominique Strauss-kahn, est condamné à réussir. Il a déjà réussi sa prise de fonction avec un discours qui donne envie d'être Français. Ses allusions et rappels de l'histoire sont importants. Il récupère Jeanne D'arc au FN en insistant sur le fait qu'elle a eu foi en elle et l'a transmise aux autres pour gagner. Espérons que lui, saura s'arrêter à temps et ne sera pas la cible de marchandages funestes. Ses allusions à de Gaulle, Clémenceau et Foch, son accolade de roi, ses caresses de l'oreille comme Napoléon au vieux grognards Patriat, Colomb et Bayrou, mieux que Sarkozy ne l'aurait fait, son autant de signes du chef aimé et reconnu pour avoir réussi son pari mais en qui désormais tout repose. Il n'y a pas eu de liesse sur les Champs-Elysées mais la République est protégée. Sauvée par un roi, un homme « providentiel » que les Français attendent, comme Mitterrand en son temps, s'en voulant certainement de l'avoir tué pour leur révolution. Son message fort de défense et de sécurité, notamment avec la remontée en véhicule militaire, plaît aux soldats qui partiront volontiers à la guerre avec lui. Il leur plaît aussi par son charisme et parce qu'il a « de la gueule ». Sa volonté de sortir du doute des dernière décennies, de rendre la confiance sans magie, de libérer le travail, de soutenir l'initiative, la création, l'innovation, avec des institutions efficaces, son discours et ses explications sans failles, font de lui un héro, même si presque trop parfait en aidant même F. Hollande à sortir par la grande porte sans le vouloir vraiment mais pour une passation réussie.

C'est un personnage équilibré à la fois dans l'initiative, fort de par ses convictions mais sensible de ses émotions. Il est à la fois conceptuel et rêveur créatif tout en sachant avancer pas à pas dans la façon structurée du perfectionniste. Il est capable d'expliquer autrement sans forcément partir en croisade et s'attache à faire avancer le processus tout en contrôlant son contenu. Il vit en dehors des ornières, fait vite le tour de la question. Il est fait pour accompagner ou être le chef mais pas pour faire partie d'une équipe. Il use d'un discours à la chinoise, court et long terme, de mélange de nouveauté et de traditionnel, marie Mozart et Offenbach.

Pourra-t-il gouverner ? Aura-t-il une majorité avec ses troupes nouvelles et certains anciens élus vus désormais traîtres par leurs pairs ? Les sondages ne le souhaitent pas. Mais pourquoi ne pas imaginer un fort parti du centre comme l'ancien CNI(P) qui a le droit aussi d'exister et des partis traditionnels plus réduits ou forts sachant travailler ensemble en prenant le meilleur de chacun mais en conservant leur identité dans une coalition inédite et intelligente depuis de Gaulle en connaissance de cause et non une « opposition » ? Cette logique de débat existe au niveau européen mais est loin d'être commune en France, ce provoque souvent de nombreuses situations ambigues sauf à avancer seul si tant est qu'il soit possible, judicieux et salvateur de le faire. Foch n'avait-il pas dit qu'il avait moins d'estime pour Napoléon depuis qu'il commandait une coalition ? Mais d'ailleurs qu'importe ! Soyons franc. Le pouvoir n'est-il pas en France à l'Elysée depuis de Gaulle et pas forcément à l'Assemblée Nationale. Le vrai Gaulliste Macron cherche à rassembler mais aussi d'abord à user du pouvoir pour ensuite peut-être le faire évoluer. Mais il sait déjà être le leader responsable, sachant travailler avec un leader de processus et en nommant un vrai leader psychologique.

Que les partis traditionnels se souviennent qu'ils ont été battus au premier tour. Que les déçus soient dignes et reconnaissent les scores, surtout du premier tour. Une partie de la gauche se réfugie derrière pour ne pas avoir perdu. Que la droite alliée au centre avec une seule jambe, qui met l'alibi de la défaite sur son candidat plutôt que son programme, bâtisse son identité est concevable. Mais qu'elle se dise de facto dans l'opposition et refuse toute idée de coalition prochaine relève de l'irresponsabilité. Son chef opportuniste ne cherche-t-il pas en fait qu'à être un Premier ministre, comme il l'a prouvé depuis longtemps, quel que soit le président, comme quand il voulait être absolument aux finances ? Les ministres marcheurs ayant le pied d'appel à droite sauront sauver la face. L'alliance avec le « juste centre » de Bayrou, condamné auparavant à une dimension restreinte, en tant qu'aiguille de la balance, crée désormais le socle de cette balance. La nomination de trois ministres modem est très forte et savante en compensation de quelques places perdues aux législatives. Mais que l'équipe Macron ne se trompe pas. Elle n'a pas gagné contre les extrémismes car le Front National n'est pas l'extrême droite. EM a gagné au moins à court terme sur ceux qui ne font pas confiance, sur ceux qui se renferment, sur ceux qui blâment et qui critiquent au lieu de se mettre au travail. Il a de toute façon gagné par un vote d'adhésion pour 57% des votants et un certain nombre de votes cachés. Il doit prendre en compte les alertes donnée pour avancer sur des domaines clé comme le numérique, utilisé par un de ses candidats rivaux et qui a fortement séduit les jeunes, et qui est l'épine dorsale commune des territoires, comme de l'Europe.

Enfin, EM a mis l'Europe au cœur de son projet. Il l'a confirmé en nommant deux députées européennes actuellement en poste en oubliant peut-être certain qui pourtant avait été sollicité par son équipe pour défendre la vision européenne du programme du futur président devant l'I.R.C.E.. Mais qui gardera le Parlement européen si tout le monde rentre en France ? Par son vote, la France a sauvé les structures de l'Europe mais n'oublions pas les promesses de refonte. Il faut aussi savoir couper son rosier pour qu'il refleurisse mieux. Si l'Allemagne est prête à avancer de concert et à se mettre à la même longueur d'ondes avec des engagements communs et une certaine solidarité, voire un conseil de défense rétabli, c'est surtout dans l'attente d'un changement d'attitude française qui doit désormais être exemplaire, forte, solide, clairvoyante, confiante et engageante mais en sachant travailler, considérer et fonctionner avec les autres dans et au profit d'une Europe désormais plus efficace, indépendante ou interdépendante dans ses domaines stratégiques. Le nouveau ministre des finances fait partie des ministres désignés pour leur compétences. Pour lui il s'agit notamment de l'allemand et de ses liens personnels avec ce pays. Misons sur une meilleure réussite de dialogue en regard de la ministre allemande de la défense, très francophone.

 

« Bon vent » monsieur le ¨Président de la République. Mais là aussi, chacun ses lunettes...

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