La dimension européenne dijonnaise
Dijon, capitale de la Côte d’Or et de la Bourgogne, désormais partagée avec Besançon la Franc-comtoise, mérite mieux que rester une petite ville périphérique de Paris et peut profiter de la dynamique européenne au-delà des fêtes folkloriques et des partenariats de hasard, pour rayonner si elle le souhaite. Mais pour cela, il faut aussi continuer à travailler sur son identité.
Par François CHARLES
Economiste, conseil en stratégie, marketing et intelligence économique, président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe
Je ne reviendrai pas sur les mots d’une animatrice d’une radio française qui avait récemment qualifié Dijon de Ville de la mort après y avoir passé une soirée…
Comme Montbard, anomalie marketing à une heure de Paris qui ne cherche pas finalement à se développer, en restant dans le confort mais aussi le risque de la vache à lait de groupes industriels pouvant disparaitre du jour au lendemain, Dijon peut réfléchir de façon intelligente et trouver une réelle dimension européenne et internationale pour être une destination plutôt qu’une étape, trouver une meilleure attractivité, notamment professionnelle et touristique, avec une hôtellerie qui n’est pas à son maximum, mais en équilibre de répercussion avec ses habitants qui peuvent aussi ne pas le souhaiter.
Dijon est bien connue pour ses ducs qui n’y ont finalement pas tous vécu, pour l’art l’architecture, ses Jacquemarts venus de Belgique, ses musées municipaux gratuits, pour son cassis, sa moutarde, son pain d’épice, autrefois et peut-être bientôt à nouveau son vin, respire désormais avec son tram comme sa voisine et concurrente Besançon notamment pour ses universités, cherche à faire valoir sa gastronomie, certes plutôt lyonnaise quand on côtoie les salons professionnels et l’accueil incomparable entre les régions.
A 1h30 de Paris par TGV à cause des tunnels, mais désormais reliée à Strasbourg, proche de la Suisse, du grand-est, et de Lyon, au centre de grands corridors qu’elle pourrait encore développer par les canaux, elle peut accueillir des sièges d’entreprises, services ou industrie, en concentrant son aéroport sur les vols d’affaires et sanitaires et réserver à Dole, toute proche par l’autoroute, la part des charters et vols commerciaux.
Elle peut renforcer son identité par des liens resserrés et une interdépendance avec les autres capitales départementales pour être fortes et fidèles ensemble, éviter qu’Auxerre ne regarde trop vers l’Ile de France, Nevers vers Bourges, ancienne capitale de France et Macon vers Lyon.
Une nouvelle identité serait aussi de créer une vraie métropole industrie et viticulture plutôt avec Beaune, éternelle rivale côte d’orienne, et non se cantonner au grand Dijon, avec une signature à Nuits St Georges comme en 2012 pour la Saint Vincent Tournante réunissant les trois villes pour la bonne cause de la reconnaissance des climats de Bourgogne à l’UNESCO, et une grande force motrice agroalimentaire avec Besançon grâce à son pôle de compétitivité et ses laboratoires, producteurs et industriels qui hélas fonctionnement souvent de façon cloisonnée.
Dijon pourrait tirer ou s’inscrire dans une dynamique durable entre capitales régionales européennes unies dans la diversité sur des thématiques particulières comme environnementales, sécuritaires, numériques, énergétiques, transports, en espérant que la région BFC pourra enfin l’accompagner notamment avec une valorisation des fonds européens
Enfin, elle pourrait laisser un meilleur souvenir aux touristes par des musées peut être payants disposant de pièces plus remarquables en dehors de celui des Beaux Arts et F. Rude et surtout par un centre-ville reverdi non pas uniquement avec les voies de tram ni pour avoir enfin le label européen mais pour notamment redonner vie aux commerces, comme les abeilles revenant butiner, et gommer par exemple de décalage entre le caractère impersonnel de la rue de la liberté et le charme de cette ville qui le vaut bien.