Mais où va donc la gouvernance européenne ?
A l’heure de la dynamique de la présidence française du Conseil de l’UE, force est de constater que certaines réalités sur le fonctionnement des institutions semblent adaptables d’autant plus facilement qu’elles ne sont pas connues de la population qui a besoin de pédagogie. Les institutions devraient changer pour plus de confiance et transparence et mériteraient un bon exercice de Théorie des organisations avec ses types de leaders, sa structure, ses membres, sa stratégie, ses environnements interne et externe et ses règles du jeu.
Par François CHARLES
Economiste, politologue, expert en stratégie, management, relations européennes et internationales, ancien responsable d’affaires industrielles de défense, président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe (I.R.C.E.)
Tout d’abord les Conseils : comment s’y retrouver pour un non initié entre le Conseil européen, le Conseil de l’UE, le Conseil de l’Europe. Les deux premiers devraient être rebaptisés Conseil des chefs d’état et de gouvernement et le Conseil des Ministres. Les mélanger est une marque de prise de pouvoir et de non-respect des organisations sauf à en changer, mais qui montre aussi les différences de gouvernance au sein des autres Etats. Le président Macron se fait appeler Président de l’UE alors que depuis quelques années il en existe déjà un avec un certain pouvoir de politique générale. C’est lui qui devrait rencontrer les autres chefs d’Etat au nom de l’UE comme Vladimir Poutine sauf à penser qu’il est aux ordres ou n’a pas assez de force et de charisme notamment face à ses homologues polonais et hongrois que JC Juncker n’hésitait pas à taper sur la tête, ou qu’il n’est qu’un animateur ? E. Macron, n’est que le premier ministre temporaire, sauf que la Présidente de la Commission européenne l’est finalement aussi avec ses directions générales, quasi ministères avec au-dessus ses commissaires Vice-présidents et ordinaires… EM a donc rencontré VP en tant que Président Français, comme l’a fait ensuite Olaf Scholz en tant que chancelier qui a le véritable pouvoir en Allemagne, comme dans les autres pays avec Président sans trop de pouvoirs ou avec des monarchies toujours existantes et très présentes. N Sarkozy était quant à lui président de l’UE. Fallait-il créer ce poste permanent ? Quid du haut représentant que l’on n’entend plus du tout, effacé, anesthésié par le couple franco-allemand. Que dire de la Présidence du Parlement européen choisie en équilibre et en fonction de la tendance de la commission et non par le vote démocratique ?
Le fait d’avoir conservé le calendrier en pleine présidence nationale n’a pas d’impact en France quand on sait que les administrations ne changeront pas et que les orientations ont été définies il y a longtemps dans ce qu’il y a de bon pour l’Europe, la politique générale se faisant quant à elle au niveau des chefs d’état.
Par ailleurs les institutionnels considèrent qu’un sénat européen, réclamé par certains pays mais pas le sénat français (…) n’aurait pas sa place car déjà représenté par le « Conseil ». Quant au Conseil de l’Europe, conservant les valeurs de l’Europe dont chacun a ses propres lunettes, sachons-nous qu’il est ouvert aux non européens qui donc décident des valeurs de l’Europe ou plutôt… de l’UE puisqu’elles font partie de critères d’adhésion ?
Quant aux répartitions fédérales dont ce mot n’a rien de commun entre un Français, qui souhaite « une Europe pour tout le monde pareil » et un Allemand, les personnes les plus éduquées ne savent même pas quelles sont les répartitions de compétence entre les institutions et les états, parlant de subsidiarité accrue alors que les domaines les plus importants sont partagés et que les domaines exclusifs n’ont rien à voir avec les fédérations traditionnelles comme aussi les Etats-Unis ou même la Chine.
Nous n’aborderons pas ici les institutions bancaires, judiciaires et autres organismes et agences annexes ni celles dont qui ne dépendent pas de l’UE alors que tout le monde le pense. Certains diront que ces détails ne sont pas importants mais ils le sont pour éviter notamment un nouveau Brexit.