Corée du Nord : encore un loupé pour l'UE ?
La Corée du Nord est passée en état de Guerre. Faut-il s’en émouvoir ou laisser l’affaire aux Etasuniens et leurs alliés asiatiques sur la région ? La voix de l’Europe ne doit-elle se faire entendre que si ses frontières sont attaquées ?
Par François CHARLES
Ancien responsable pour les affaires industrielles internationales d’armement avec l’Asie, auteur de nombreux articles sur la région, président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe (IRCE)
La Corée du Nord se sent agressée par différentes manœuvres et ce regain d’attention des Etats-Unis. Les jeux s’identifient à « donne-moi des coups de pieds » et au « Schlemiel » (rusé) qui consiste à ne pas montrer sa colère, sans forcément attendre ni exprimer le pardon. En Europe, avec ce jeu nous avions frôlé une nouvelle guerre en 1989.
Alors que dernièrement, il était question d’une réunification économique entre les deux Corées, mais sans doute sous condition, ce revirement d’attitude ne semble pas émouvoir les sud-Coréens habitués à ces va-et-vient. La Chine n’a pas besoin de guerre en ce moment. On voit mal la Russie intervenir en pleine reconstruction, avec sans doute toujours le testament de Pierre le grand néanmoins dans la poche, même si elle n’a toujours pas de traité de paix avec le Japon.
La voix de l’Europe forte pourrait être opportune face à cette menace, bien que lointaine, mais qui concerne tout autant la politique de sécurité extérieure de l’Union en cas de réaction en chaine du conflit. Ne serait-ce pas aussi une nouvelle opportunité de gestion de crise pour apprendre à réagir entre européens sans forcément passer pour les gardiens du monde ?
Madame Ashton semble être en accord avec les propositions de sortie de crise de l’IRCE pour la Syrie (voir réponse sur le site de l’IRCE). Pour autant, la crise asiatique est bien différente car expansive, sans doute aussi pour sortir d’une certaine pauvreté. Si les images prises du ciel en pleine nuit nous montrent un grand point lumineux sur la Belgique en Europe, elles nous montrent un grand trou noir en Asie au dessus de la Corée du Nord, sans doute pas à cause des économies d’énergie. Et gare aux guerriers le ventre vide qui ont trouvé la lance sacrée…
Qui est concerné en Asie ? La Corée du sud, comme le Japon, possède une vraie défense et des matériels de haute technologie. Mais contrairement au Japon, dont les chantiers navals ont pourtant été dessinés par un Français, le pays du matin calme est liés aux Etats-Unis mais aussi à la France qui aurait du lui vendre le rafale, et à l’Allemagne. Et n’oublions pas également que certains de nos compatriotes sont tombés en Corée du sud lors dans les années 50.
Je veux espérer que l’attitude de madame la haute représentante de l’Union pour la politique extérieure représente bien la communauté dans son ensemble plutôt que la voix britannique historiquement très liée à nos grands alliés et qui pourraient demander de « laisser faire ». La défense européenne n’est pas l’enfant adapté qui doit intervenir quand le grand frère nous le permet.On peut rappeler qu’au Mali, les interventions logistiques alliées ont été supportées pour l’instant à hauteur de 129 par la Belgique, 95 par l’Allemagne, 70 par les Etats-Unis, 37 par le Danemark et 2 seulement par les le Royaume-Uni. Il aurait été intéressant et valorisant de voir certains soutiens de la nouvelle Europe, certes plus limités.
Lors de mes différents entretiens, certaines visions externes à l’Union ne voient pas comment nos différents pays peuvent fonctionner ensemble, alors qu’ils n’y parviennent pas eux-mêmes. Nous pouvons leur prouver le contraire.
COREE DU NORD : Encore un loupé pour l’Union européenne ? |