Euro, fédéralisme et convertibilité or d’euro-obligations (2/3)
Suite de la partie 1 sur les enseignements de l’historique euro/dollar
Une monnaie commune : à la fois lance et bouclier
Ce rappel historique était nécessaire pour montrer que l’euro a mis l’Union à l’abri des crises et qu’elle devient une monnaie concurrente mais interdépendante du dollar. L’Europe sera vraiment plus forte pour affronter les secousses externes quand elle n’aura plus à affronter des taux de change et des spéculations en interne. L’Europe doit savoir fonction er et se protéger. Le marché intérieur, en tirera profit avec une vraie protection (buy european act), qui justifiera cette approche commune et renforcera de façon cohérente. la confiance des membres.
Par François CHARLES
Economiste, Conseil en stratégie et management, Président de l’IRCE
Mais il faut pour cela changer aussi certaines règles de libéralisme ou de concurrence parfaite, tout en conservant à l’intérieur du marché, un certain équilibre de duople avec ses jeux liés. Deux fournisseurs peuvent aussi s’allier pour mieux conquérir les marchés extérieurs.
Goldman Sachs a fait baisser la dette Grecque avec un jeu d’écriture et de spéculation pour qu’elle puisse intégrer la zone euro. Nous sommes désormais capables, entre nous, de trouver des solutions. Nous pouvons adopter tout ou partie d’anciennes méthodes nous souvenant aussi la théorie des cycles et des effets récurrents.
L’interdépendance de l’Europe avec le reste du monde permet même aussi d’accueillir des capitaux étrangers mais avec mesure et contrôle pour éviter une trop forte dépendance comme celle des Etats-Unis envers la Chine comme autrefois le Japon.
J’aimerais savoir si les partisans de la sortie de l’euro ont pris conscience des constats émis dans la première partie de l’article. Ils n’ont certes pas vécu le deuil du Franc, qu’il aurait peut être fallu fêter, comme je l’avais proposé à JP Trichet alors que j’étais partenaire officiel euro, et devraient plutôt consacrer leur énergie à œuvrer pour une action forte vers les pays qui doivent se structurer. J’ai toujours cru, et contrairement à certains banquiers, en un euro fort car il l’était déjà lorsqu’il circulait sans être encore dans nos porte-monnaie.
Les réalités européennes ne sont pas, certes, celles des Etats Unis. Mais faut-il donc faire baisser l’euro qui nous protège ? Rappelons nous que la monnaie forte, en tant que valeur refuge et de couverture pour les autres monnaies, en dehors de toute spéculation, crée des taux d’intérêt d’emprunt faibles pour les entreprises et les particuliers. Elle empêche certes les exportations mais le premier partenaire de la France et de l’Allemagne sont eux mêmes…
Après l’avoir un peu combattue, les Etasuniens, comme les Chinois, s’aperçoivent qu’ils n’ont aucun intérêt à ce que notre monnaie baisse et misent désormais sur une interdépendance et un certain équilibre. Jouent-ils ou pas à Schlemiel, comme dans la guerre froide avec l’URSS, pour tester les réactions aux méfaits, goûter le plaisir à faire des dégâts tout en apprenant à se conduire en société, voire obtenir le pardon ? Les pays producteurs de pétrole, qui savent désormais compter, sont désormais prêts à se référer à l’euro fort et jouent plutôt à battez-vous en se donnant au vainqueur. Mais espérons qu’ils ne partiront pas avec une troisième monnaie, asiatique.
Le problème n’est pas l’euro mais la façon dont les composantes de l’Union jouent avec, comme si, dans une société, cigale et fourmi étaient contraintes de vivre ensemble. Mais plutôt que le couple franco-allemand incite la Grèce à danser maintenant, peut-être serait-il intéressant de comprendre les avantages du chant et d’accompagner la Grèce à créer ses réserves à partir de nouvelles méthodes. Je me souviens encore de la difficulté du paiement des Mirages par les Grecs quand je suis arrivé au Ministère. Mais ce pays est stratégique. Et pas question de se contenter d’entendre l’Espagne ou la Grèce jouer à « tu vois bien comme j’ai essayé » Ce référendum demandé par le premier ministre grec montrait bien qu’il savait que culturellement la tâche était difficile et qu’il fallait que la Grèce accepte certaines nouvelles règles de collecte fiscale, réalistes et réalisables, non forcément immédiates, mais déterminées dans le temps avec mesure, pilotage, voire pédagogie nécessaires.
Si la solidarité collective doit être engagée, elle peut aussi être cloisonnée. Pourquoi ne pas imaginer des groupes et sous groupes à plus ou moins grande vitesse de retour sur investissement et des mesures adaptées dans une même membrane générale. Ceci permettrait de mieux travailler par segmentation mais empêcherait aussi certaines contagions entre les économies faibles et fortes et ce, dans les deux sens.
Enfin, sachons bien piloter les fonds structurels pour qu’ils ne deviennent pas des facteurs de déstabilisation alors qu’ils servent justement à élever les niveaux de croissance. L’obligation commune et systématique de financement par les Etats est implicative mais peut être aussi un grand risque d’endettement non contrôlé. Surveillons bien les pays de l’Est même si, culturellement, ils semblent être de bons élèves.
Une règle d’or communautaire
Le traité européen n’était pas forcément nécessaire car des actes existaient, tout comme il n’est pas nécessaire d’inclure une règle d’or dans une constitution, sauf pour mieux se protéger et se donner bonne conscience. Mais de quoi avons-nous peur ? De certaines contraintes ? Si nous les acceptons, nous pourrons mieux les faire valoir vers les pays moins structurés fiscalement pour remplir leurs obligations. L’essentiel aussi est de faire participer les pays non euro pour montrer la cohérence de l’effort d’investissement non forcément lié à la monnaie commune.
Une gouvernance fédérale à affiner
Contre le pouvoir, les européens aussi jouent à sans toi, un des plus vieux jeu d’analyse transactionnelle. A l’échelle européenne, les pays pourraient remercier l’Europe et une gouvernance fédérale autoritaire, leur évitant de se mettre dans des situations qui les effraient. Au contraire, ils en profitent pour se plaindre des limitations, mettre l’Europe mal à l’aise et en tirer certains avantages internes et externes. Ils en font de même envers le couple franco allemand quand il est fort mais le critiquent aussi quand il est absent, ce qui montre bien une envie de structure, donc une envie de leadership clair, de gouvernance et de fédéralisme.
Les règlements, directives, décisions, réglementations européennes à appliquer en droits nationaux ne sont-ils pas déjà le fruit d’un fédéralisme ? Pourquoi ne pas compléter naturellement ce dispositif par un vrai pouvoir politique avec un président élu directement ou indirectement par les citoyens, un Conseil permanent, avec un Parlement européen et des parlements nationaux encore plus affirmés. Il pourrait tirer parti de cette monnaie forte et prendre certaines décisions de raison plus que techniques et juridiques élaborées pour l’instant dans un grand lieu administratif qui ne donne pas envie qu’on s’en préoccupe
Une banque centrale fédérale
La mise en place de la BCE a été progressive comme pour les Etats Unis (cf partie I). Nous voyons apparaître une véritable banque fédérale qui dicte le fonctionnement aux autres banques nationales pour respecter une seule politique monétaire. Elle peut leur donner heureusement aussi, comme récemment, un certain soutien en annonçant notamment, d’un coup de baguette magique, qu’elle va les soutenir sans faille
Par ailleurs, il est désormais institué que la BCE peut aussi intervenir pour les Etats. Soit elle est donc forte et peut émettre des obligations au profit des Etats, avec des garanties sur les réserves en or des banques centrales, soit il y a un problème pour notre avenir.
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