AGRICULTURE ELEVAGE ET PECHE
ISSU DE MON PROGRAMME POLITIQUE PUBLIE EN 2013
et en PJ UN ANCIEN ARTICLE SUR L'AGRICULTURE FORTE ET MODERNE
Je porte une grande attention sur ce domaine car j’y suis né. L’agriculture vit aussi avec ses réalités et ses risques qui bousculent ses prévisions comme peut évoluer une politique générale d’entreprise quand une crise se déclare. Et comme pour toute organisation, il existe les éléments contrôlables et incontrôlables, comme par exemple la vache folle, les inondations, la grêle, la sécheresse, les tornades et coups de vent qui couchent les céréales depuis des siècles. L’intervention de l’Etat peut être un atout avec une bienveillance européenne pour compenser ces défaillances et protéger les prix. L’Etat et l’Europe doivent donc travailler avec nos agriculteurs à livre ouvert, coûts objectifs, bonus, malus pour mieux répondre aux crises avérées, mais avec des groupes stratégiques différents en fonction de la nature et la valeur des productions pour une meilleure efficacité.
Ne blâmons pas l’Europe : le plan Marshall nous a redonné les machines agricoles que nous avions perdues dans la reddition de 1940 et le marché commun de 1950 a relancé la production dans une notion de sécurité économique avec une augmentation de la production des céréales et du lait sans souci de questions environnementales désormais importantes. La PAC 2014 et ses fonds peuvent être un nouveau ciment de consolidation européenne avec un système de protection commerciale des frontières tel un vrai Buy Européen Act agricole. Comme l’industrie, notre agriculture doit prendre une réelle dimension européenne pour être forte et moderne face à la concurrence mondiale et pour répondre aux besoins des autres pays.
Aujourd’hui cette même Europe et la France en tête, avec l’ancien Grenelle de l’environnement, imposent des normes pour faire que cette productivité soit moins polluante, ce qui peut perturber les modèles économiques existants. La politique européenne peut donc aussi être considérée comme un frein quand il s’agit d’imposer des réglementations et des contraintes environnementales non réalistes. De vraies analyses de risques doivent être menées. Mais elle peut aussi forcer la France et l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maitrise d’Energie) à accepter certains ajouts dans les procédés de méthanisation quand nos voisins y mettent tous ce qu’ils trouvent mais aussi imposer aux autres de tenir compte du digestat. Elle peut aussi contraindre les efforts en énergie solaire comme la duplication de la Centrale de Massangis avec 151 hc de panneaux, comme il était prévu de la faire également sur des zones betteravières ou d’anciens terrains militaires désaffectés mais non dépollués.
Certaines initiatives industrielles privées sont remarquables comme celle de l’entreprise LU visant à établir une traçabilité du grain bio en finançant notamment l’ensemencement de 3% des terres en fleurs pour stabiliser les populations d’insectes autour des champs de blé ! Il en existe d’autres dans les régions européennes. Pour lutter contre la sécheresse, il est également possible d’initier de grands projets de rétention ou de pompage d’eau des crues mais également de faire venir de l’eau de mer avec une désalinisation pendant son parcours à travers les terres. L’analyse est en cours par l’ONG ALQUEMIA. Comme dans la mise en place de système qualité, mieux vaut un bon référentiel propre qu’une mauvaise application de l’ISO 9001 pour une « qualité aux hormones ». Quand le deuxième pilier de la Politique Agricole Commune parle même du bien être animal, autant en découvrir les avantages qui peuvent en être généré et les maitriser plutôt que les subir.
S’agissant des OGM, ils existent depuis bien longtemps, j’ai même vu des oiseaux s’étonner quand ils se posaient sur des tiges de blé quand j’étais jeune … Il est concevable de réguler l’utilisation de pesticides mais peut-être faut-il le faire en accord et « inter-dépendance » et responsabilisation avec le monde agricole, premier garant écologique, au même titre que les chasseurs sont garants de l’équilibre cynégétique mais aussi de celui des stabulations en empêchant les maladies de se propager.
Ne subissons pas la normalisation mais transformons la en arme commerciale avec des actions contrôlées, réalistes et réalisables. De même, Il n’est pas concevable en 2012 de ne pas avoir accès à un vrai réseau internet et mobile partout en France et surtout dans les campagnes si nous voulons une agriculture performante et forte en réseau. Ceci bénéficiera du même coup au maintien de la vitalité rurale, à la sauvegarde des villages et contribuera à la rupture de l’isolement des séniors. Les pôles d’excellence rurale technologiques, non forcément agricoles, installés dans les campagnes avec certains avantages fiscaux peuvent aussi y concourir et doivent en connexion au monde agricole.
Il faut continuer à faire de l’agriculture un pilier stratégique fort et protégé en France et en Europe dans les réalités mondiales. Elle peut surement donner aussi exemple à d’autres domaines. Je souhaite entendre les viticulteurs dire qu’ils sont concernés par la Politique Agricole Commune car cela signifiera que ce n’est plus synonyme uniquement de règle comptable et un vrai travail pédagogique reste à faire. J’ai peur pour nos filières viande même s’il convient de comprendre qu’il faut sans doute la limiter. Peut-être que la crise récente liée à la viande de cheval à la place du bœuf nous fera réfléchir. De nombreux agriculteurs pensent qu’il faut revenir à un système de fluctuations limitées des cours des céréales et de la viande.
Je soutiens une modernisation raisonnable. La production d’énergie par méthanisation doit inclure un processus intermédiaire pour éviter de faire pousser des plantes afin de produire directement de l’énergie. La création de labels doit être soutenue dans le second pilier mais contrôlée pour préserver les identités rurales. L’effort vers le bien-être animal doit être maintenu et communiqué car trop peu connu et la qualité de la viande en est un gage. Les filières courtes avec traçabilité des produits doivent pouvoir s’intégrer avec les cultures intensives. Il conviendrait de réviser certaines réglementations sur les semences en cohérence avec la recherche, accroitre la biodiversité et réglementer les cultures OGM sans forcément les interdire mais ne plus lancer de cultures sans retours d’expériences préalables évitant ainsi de devoir faire machine arrière. La logique REACH européenne sur les substances dangereuses devrait être un modèle structurant de façon universelle et en intégrant les exploitants agricoles qui en ont assez d’être considérés comme des pollueurs car ils ont conscience que l’utilisation des pesticides peut tuer leur outil de travail.
Des études et accompagnements sur les coûts de revient régionaux et locaux dans la viande et les cultures doivent être généralisées pour mieux orienter les efforts. Il conviendrait de retrouver une certaine liberté d’exploitation des terres et de l’élevage dans le cadre du développement de nouveaux marchés à l’export. Est-il normal que la Chine et d’autres pays achètent et louent des milliers d’hectares en Afrique pour exporter alors que nous avons des terres en capacité pour nourrir la planète plutôt que les laisser en friches ? Ou alors pourquoi ne pas mieux également en profiter sur de nouveaux produits ?
An terme d’identité, j’ai vu et compris qu’il n’existait plus une seule agriculture mais plusieurs domaines qui ne se comprenaient plus. Ceci doit cesser dans une prise de conscience commune avec possibles compensations entre céréaliers, éleveurs de bovins, ovins, volailles, producteurs de lait et maraichers. Il faut de même favoriser une prise de conscience collective entre chasseurs et éleveurs sur les risques de maladies portés par les nuisibles ou sinon s’en remettre à une directive européenne pour l’imposer. Une meilleure cohabitation doit exister dans les villages entre les nouveaux arrivants et les agriculteurs avec une considération commune. Le tourisme rural, supporté par l’Union et le fonds FEADER, intégré dans le plan Etat région en France, pourrait se développer comme dans de nombreux pays. J’en parlerai dans la partie réservée au tourisme et la ruralité.
L’agriculture traditionnelle, intensive mais encouragée vers la qualité, peut côtoyer l’agriculture de proximité solidaire et sociale, présente à travers les Associations de Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) arrivées en France en 2001 après le Japon, les Etats–Unis, le Canada et le Royaume-Uni, et même l’alimenter ou jouer le rôle d’incubateur en bonne intelligence. Le modèle japonais des Tekei crée un vrai lien et démontre que deux hectares de multicultures maraichères peuvent nourrir 10 familles.
Ayant voyagé souvent en Asie, je suis prêt à soutenir l’élevage d’insectes qui seront fournisseurs de protéines alimentaires même en occident prochainement. Il suffit de changer un peu de mentalité. Ceci rejoint les orientations « protéines » de la Commission Européenne.
Enfin, comme j’en ai parlé plus avant, les efforts réalisés en matière de protection sociale ne doivent être qu’un premier pas vers une consolidation des revenus et vers également une approche européenne et pourquoi pas un troisième pilier ? Enfin, comme les agriculteurs, les pécheurs savent prendre conscience de leur « outil » de travail et se conformer aux restrictions qui font que le thon rouge est à nouveau hors de danger. Mais Bruxelles doit aussi faire respecter leurs droits dans leurs zones de pèche.