Désenchanté de la politique
La politique fait partie de notre vie. Elle dirige nos institutions, nos collectivités, nos militaires, notre sécurité et vote nos lois. Pourtant la moitié des citoyens s’abstient de voter, par désintéret, par mépris suite à certains constats ou par rejet d’une certaine forme de pouvoir. A cela je réponds, comme BHL, que je suis également désormais désenchanté de la politique sans pour autant la rejeter car il faut bien vivre avec ses réalités, voire y contribuer.
Par François CHARLES
coach et conseil en stratégie et management, animateur politique et territorial, ancien cadre de parti
J’aurais pu utiliser le mot désabusé, comme trompé, qui n’a plus d’illusion, revenu de tout. Mais, utilisant la PNL, j’ai préféré le mot lié à la magie, à l’ensorcellement tout en étant également déçu et blasé en me mettant aussi à la place de l’électeur.
Vous lisez mes articles où j’aime à commenter la politique au niveau international, national et local de façon objective mais également psychologique et vous avez pu lire certaines visions partagées et je le sais appréciées ou maudites car … appréciées. Je m’étais déjà retiré de la politique quand je m’étais aperçu que je n’étais pas assez virulent contre l’autre camp, voire trop bienveillant et non adepte des travaux de Pénélope sous prétexte que cela venait d’en face. Quand je suis devenu coach professionnel, une consoeur m’a demandé si j’avais fait le deuil du pouvoir « sur » et du pouvoir « pour », connaissant mes liens avec la politique, l’information et le système.
Je suis désenchanté car il est peu réaliste de vouloir faire de la politique œcuménique et de se voir associé systématiquement au coté obscur de la force, supprimant la magie positive. Souvent en France quand vous avez un projet, on cherche d’abord à savoir par suspiscion ou jalousie comment vous le contrer. C’est la meme chose en politique où si vous voulez vous présenter en complément d’une autre candidature, vos amis chercheront aussitôt à vous décourager vous considérant comme un ennemi sans en voir les avantages procurés. Je soutiens depuis très longtemps le système des primaires.
Je suis désenchanté quand la population vérifie ce qu’on lui distribue, refusant a priori tout ce qui touche à la politique. Je suis désenchanté quand je vois des militants petits soldats, qui ne représentent que 3% des électeurs, influent, trompent et découragent le citoyen en pratiquant le blame, la moquerie, l’insulte considérant que c’est naturellement lié au combat, parfois avec violence, et souvent pour avoir une place. Les élus et parlementaires, heureusement couverts pas l’immunité, leur montrent souvent la voie.
Je suis désenchanté quand certains citoyens ne veulent pas émettre d’avis sur tel ou tel candidat sous prétexte qu’ils ne font pas de politique, quand d’autres ne veulent pas rencontrer tel ou tel politique car a priori pourri par les affaires et le clientélisme. Celui-ci existe car j’ai vu, entendu, lu et vécu des actions mettant en garde pour décourager certains candidats un peu genants. Je suis désanchanté quand j’entends des personnes, sans prendre leur part de responsabilité et à court d’arguements pour se défendre, utiliser le blame de la politique pour tenter de montrer la mauvaise foi de l’autre partie, ne faisant pas attention aux autres et usant de pouvoir pour tenter d’emporter certaines décisions quand il s’avère que la situation est délicate. Le politique serait il donc dépourvu d’humanité, de bon sens et d’honneteté ? Meme si les réalités de la politique ne sont pas généralité, comme dit le proverbe chinois « il suffit d’un morceau de viande corrompu pour gater le bouillon de toute une marmitte ».
La politique est certainement une lutte avec courage pour des convictions et des valeurs, sociales, économiques mais elle est surtout liée aux croyances. Les électeurs aiment etre enchantés, aiment rever quitte à croire sans compter. Ils ont foi en une personne, voire un parti pour des raisons souvent différentes. Mais parfois la surprise est grande quand la population s’attaque aux symboles, comme celui de la bastille, abritant la poudre utile à la révolution, pour finalement découvrir qu’il s’agissait, derrière le coté face du pouvoir, davantage d’une prison dorée et plutôt feutrée. Sur le terrain j’entends les citoyens qui aiment qu’on leur promettent des choses en se doutant meme parfois que tout n’est pas réalisable. Mais parfois l’irréalisable aux yeux de certains peut voir le jour si tout le monde s’y met plutôt que passer son énergie à combattre, quitte à le refaire ensuite.
Je pense que faire de la politique responsable et intelligente, c’est savoir marcher de façon équilibrée et pilotée et avec méthode sur ses deux pieds avec de bons conseillers techniciens mais tout en connaissant son pied d’appel. La politique est liée à l’humain mais aussi à un partage de risques entre élus et électeurs.
Restent les 45% d’abstentionnistes dont on peut redonner envie d’aller voter à partir d’autres référentiels originaux comme ceux développés à Dijon (voir autres articles) ou en Italie et appréciés par la population comme des politiques traditionnels.