Les primaires socialistes ont désigné un leader de cœur plutôt qu’un leader d’idées
Voilà. Le parti majoritaire de gauche a enfin montré un vrai progrès social : la mise en place de primaires pour canaliser les énergies en désignant, six mois avant, le candidat qui affrontera le centre droit, la droite modérée et la droite dure et tentera également de séduire toute la gauche en 2012 face à la majorité en place. Qu’en sera-t-il dans 5 ans pour les primaires à l’UMP si elle existe encore ? Pour toute la droite ? Pourquoi pas au centre ? S’il est plus plaisant de connaitre son adversaire à l’avance, il sera peut être intelligent d’établir une cohérence, une règle administrative et organisationnelle identique pour tous.
Par François CHARLES
Depuis le temps qu’il l’attendait, François Hollande, homme de gauche mais sachant être conciliant et rassembleur comme avec Jacques Chirac ou Dominique de Villepin, était-il prêt aussi vite à affronter son destin et celui de la France ? Quel est vraiment son programme et en a-t-il réellement besoin ? Quelles sont les forces et faiblesses, opportunités et menaces, avantages et inconvénients pour FH d’être déclaré aussi tôt face à un candidat non déclaré mais connu, mais surtout d’être LE candidat principal de la gauche ?
Stratégiquement, les primaires socialistes auraient dues être gagnées par DSK, un candidat revenant d’un exil doré, respecté de tous mais dans une fausse lutte droite/droite, et donc avec un vrai risque pour le programme de Nicolas Sarkozy. C’est bien F. Mitterrand qui disait que la meilleure politique était de droite faite par quelqu’un de gauche ou … apparenté.
Bien que je salue la convention de l’UMP qui pour une fois a agi avec méthode sur le fond, je pense qu’il convient plutôt cette fois d’analyser le candidat plutôt que sa ligne de parti. Car il s’agira bien ici finalement de deux candidats qui s’affrontent et non de deux camps. De part sa personnalité, NS veut être LE candidat que suivra la droite et non pas le candidat de la droite. A gauche, la situation n’aurait pas été la même avec Martine Aubry, leader opérationnel et de processus au style démocratique qui aurait davantage représenté le parti. FH et son style bienveillant représente quant à lui le pouvoir du cœur, comme F. Mitterrand et cette arme est redoutable pour gagner les élections mais aussi pour fragiliser la France et l’Europe car en période de crise il n’est jamais bon de prendre des décisions avec le cœur. Espérons qu’il n’en sera rien.
FH sera plus un leader responsable et psychologique que les Français semblent vouloir pour se reposer un peu des réformes, certes courageuses, mais qu’ils doivent néanmoins intégrer dans un souci de bonne gestion. FH saura de plus certainement surveiller, canaliser et faire participer ses barons alors que ces derniers auraient été obligés de faire allégeance à DSK et MA. Le risque pour FH serait que l’amour s’estompe avant les urnes mais l’avantage est que l’anneau est déjà au doigt pour le meilleur et pour le pire.
Quant à NS, on peut se poser maintenant la question du report de l’annonce de sa candidature. S’agit-il du risque de computation des dépenses électorales qui s'effectue durant toute l'année précédant le mois du scrutin présidentiel ? A priori non. On pourrait suivre l’adage qui vaut qu’il n’est jamais bon de se déclarer trop tôt mais ce n’est pas non plus le cas puisqu’il n’existe pas d’autres vrais candidats à droite pour 2012. Le Président veut sans doute rester celui de tous les Français le plus longtemps possible et suivre son profil promoteur de réaction et non d’initiative en attendant le dernier moment pour mieux savoir où et sur quel terrain combattre. L’avantage est qu’il sait déjà contre qui !