NON à l’appel de Dijon non européen
Après mes vœux de pacte citoyens, je veux aujourd’hui m’insurger contre un jusqu’au boutisme et une attitude plutôt nombriliste de baronnie franco-française sans esprit européen. Je me suis longtemps posé la question du titre. J’aurais pu un « j’accuse ! » de Zola assassiné dans son sommeil et m’amuse de l’ « appel » lancé après mon appel de juin dernier.
Cette émotion Dijonnaise, avec pétition, lancée par un élu cote-d’orien contre la réforme territoriale prévue par le gouvernement au pouvoir, semble faire son chemin mais mériterait un certain regard.
Par François CHARLES
économiste, conseil en stratégie et management, président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe
La France, pays fondateur de l’Union, doit acquérir une dimension européenne au-delà des luttes de pouvoir et de personnes. Et si l’Europe doit atteindre une dimension politique au-delà de son fonctionnement technique actuel (voir articles sur le fédéralisme), elle ne doit pas être politicienne pour autant.
La France peut continuer à montrer l’exemple mais en considérant que le centre de gravité géographique et de fonctionnement de l’Union ont changé.
Si les départements existent en France, exemple historique d’Etat centralisé, depuis la fin du 18° pour en fait mieux contrôler certains jeux de pouvoir locaux, la décentralisation de 1982 a voulu donner une responsabilisation territoriale à dimension européenne.
La France est le plus grand territoire des 27 pays de l’Union juste devant l’Espagne et la Suède. En dehors de France, on ne trouve cette notion de département qu’en Grèce et en Suède qui correspond en fait également à nos régions proportionnellement et administrativement parlant. La France doit désormais être en totale connexion avec le modèle européen de politique régionale et du comité des régions. Pourquoi s’émouvoir de la gestion cette fois totale des fonds par les régions ? Rien ne les empêche on plus de se parler au niveau national comme je le réclame dans la recherche. Y-a-t-il une cohérence par exemple entre les fonds sociaux du FSE attribués à la région alors que les domaines sociaux reviennent au Conseil Général et n’en avez-vous pas assez du fossé entre collège et lycées ? Par ailleurs, la circonscription de nord Cote d’or est la plus grande de France.
J’invite les Français et les élus à ne pas se comporter en bons petits soldats et ne pas se décrédibiliser en se basant sur des exceptions sans réelle analyse sauf peut être politicienne. Même si nous avons nos réalités, nous pouvons également évoluer sans oublier qu’une réforme assez dure, mais faite autrement, avait été engagée par la droite, notamment pour respecter le pacte budgétaire. En visionnaire européen, je dis sans détour que ce n’est pas parce que la gauche est aux commandes dans les régions qu’il faut que la droite résiste coute que coute dans les départements mais plutôt se demander comment reprendre les régions. On se croit en pleine théorie des organisations avec les jeux de pouvoir et de leadership quand nous avons besoin de nouvelle vision. A quel jeu psychologique joue-t-on ? Pour autant, tout en supprimant un échelon exécutif, il serait intéressant de conserver une certaine gestion territoriale dans une approche globale, comme en matière de gestion de logements sociaux, pour ne pas appliquer une règle trop comptable mais dans le bon sens, comme on le demande aussi souvent à Bruxelles via de plus le Parlement Européen co-décisionnaire. Pensez-y en 2014 ! En matière de pétition, Les Français peuvent aussi faire une action au niveau européen comme il l’est permis depuis longtemps. Peut-être prendront-ils mieux le temps d’analyser certaines réalités …