Chapitre 14 - Rencontre avec De Gaulle (et Pompidou) De l’Atlantique à l’Oural
Chapitre 14 - Rencontre avec De Gaulle (et Pompidou)
De l’Atlantique à l’Oural
DG : Sarkozy, vous êtes là ?
S : Euh oui ? oui tout de suite mon général
DG : C’est bien garçon car j’ai peu de temps, faut encore que j’aille voir Chirac
S : Ah bon ?
DG : Ben oui, il ne dort plus…
S : Pas bien pour son âge
DG : Oh, rien à voir avec la santé, Giscard le charrie tout le temps au Conseil d’Etat. Il se rattrape, ses livres se vendent, ils se narguent tous les deux. Le pauv’ Debré rigole un peu au milieu mais ça ne doit pas être drôle. Il en a même parlé chez Drucker
S : Ah ? vous suivez les émissions ?
DG : Ben qu’est ce que vous croyez qu’on fait là haut ? Une chianlie de tous les instants, heureusement qu’il y a les variétés et Drucker, j’aime bien ! C’est l’histoire des gens et pour un gars des médias, il est discipliné… bon, je ne mettrais pas mon chien sur le canapé mais je passe là-dessus
S : Mais mon général, les temps ont un peu changé
DG : Et les valeurs aussi ! De mon temps, on avait le courage de ses opinions et d’affronter l’ennemi mais le vrai. ! La Morano a eut du courage en me citant mais elle aurait pu jouer la Ségolène en parlant de racitude, comme la négritude de Léopold. ET de toute façon j’ai employé la race blanche pour justifier que nous n’avions rien à faire en Afrique ! Ce n’est pas comme les autres qui font perdre leur camp pour être sûr d’avoir le pouvoir.
S : Certes. Et vous savez, si je n’étais pas allé voir Hollande, Gallois ne serait pas en train de proposer des projets de rupture avec Montebourg.
DG : mais il est pas mal ce petit. Il a fait ma politique des années 60 en mettant le paquet sur les projets mais il aurait aussi dû créer des entreprises d’Etat comme j’ai fait !
S : mais Bruxelles ne va pas être contente
DG : rien à foutre mais ils pourraient aussi le faire à notre place ! C’est pas de la politique européenne ça !
S : et Macron n’y va pas un peu fort ?
DG : mais arrêtez donc avec votre politique « de petit calomniateur comme vous dites » puisque vous le faisiez déjà de votre temps et c’est aussi pour cela que vous n’avez pas été réélu ! Et c’est un Macron qu’il faudrait en Grèce, moi j’vous l’dis !
S : Je n’ai jamais su ce que Chirac mijotait, c’est un danger public ce type, à part aimer la tête de veau, il ne vaut pas mieux que Giscard
DG : Ah les référendums, il faut y aller quand on en est sûr ou quand on ne veut pas en prendre la responsabilité
S : ah bon ?
DG : quand il voit qu’il ne va pas gagner et faire passer ses idées, il fait perdre son camp et saborde le navire
S : Il n’est pas pas pro européen et a poussé pour le référendum en étant sûr que ça ne marcherait pas, mais il a failli plomber la dynamique européenne, moi au moins j’ai fait passer la convention autrement
DG : Oui, on peut le reconnaître sur la forme, quant au fond…
S : il ne fallait pas ?
DG : Mais si…. J’entends les journalistes et les historiens dire que c’est à cause de moi qu’il n’y a pas de défense européenne. Vous savez sans la France l’Europe n’existe pas, enfin l’Europe d’avant car maintenant les autres donnent de la voix et regardez l’Allemagne a plus de députés que nous ! L’Europe c’est la France ci, la France ça, mais l’Europe qui réussit c’est l’Allemagne ! Je me suis opposé à la CED pour conserver une certaine identité et parce ce n’était pas mon idée…et puis d’abord c’était mal ficelé. J’ai évité l’armée européenne pour éviter l’armée allemande… Qui vous dit que nous aurions eu notre mot à dire dans ce moule où tout le monde se serait ressemblé ? Voyez comme EADS et son moule européen est devenue finalement allemande. D’ailleurs Louis Gallois n’en a pas fait le deuil quand il s’oppose aux normes allemandes pour les bornes de recherge de véhicules électriques. Avancer ensemble, comme avait essayé Thales et son modèle multidomestique, c’est aussi reconnaître certaines identités. En 1432, Bertrandon de la Brocquiere, dans le Voyage d’Outremer, dédié à Philippe le Bon, imagine l’armée idéale : des hommes d’armes et de trait français et allemands, avec 1000 hommes d’armes et archers anglais. Cavaliers équipés d’une lance légère, d’épées et de hachettes, les fantassins bien armés, caractérisation des peuples en fonction de leur valeur guerrière. Le héraut Berry cite en 1450 dans le livre de la description des pays : les Napolitains vaillants gens d’armes à cheval, les Allemands de bons arbalétriers à cheval et à pied (artillerie montée ?), les Hongrois à cheval avec des petits arcs (cavalerie légère…), les Tchèques enfermés dans des chariots fortifiés .. Les Suisses cruels et rudes, savent se faire tuer sur place. Les Anglais cruels, sanguinaires, avec une remarquable organisation. Ah… les Anglais, qui se sont couchés derrière les Américains pour le nucléaire. Par ailleurs je pense que l’unification fédérale, sur la partie régalienne dont la défense, était plus facile à la sortie de l’état de guerre mais plus maintenant
NS : vous avez lu l’article de l’IRCE « la France adoubée comme nouveau leader responsable du groupe européen de l’OTAN » ? c’est gonflé non ?
DG : l’important est surtout de ne pas tomber sous le joug étasunien comme ont dû le faire les Britanniques. Vous savez, les Anglais, le peuple anglais, m’appréciait pour cela. Les politiques anglais me redoutaient pour justement mon opposition et mon méris à leur dépendance étasunienne. Si les russes occupent idéologiquement et militairement, les Américains occupent économiquement. On l’a bien vu récemment avec « le grand pompage du F-35 ». Plus les Américains se feront mal voir, plus nous pourrons resserrer nos liens sauf que certaines constitutions européennes sont liées aux Etats-Unis. Mouais…. Ah non pas adoubée, pitié, pourquoi n’ont-ils pas utilisé le terme d’interdépendance mâture … Moi aussi j’ai joué le jeu mais dans un transfert de souveraineté limité comme en Chine ! Ils sont en train de mettre n’importe quoi dans le chapeau et nous courons vers l’Europe de Monnet. Mastricht et ses trois piliers étaient bien, c’était clair. Et je vais vous dire, je ne suis pas contre « profiter du machin » qu’est l’OTAN et des financements américains ! J’ai été surpris d’entendre qu’un ancien major général français ne connaissait même pas le fonctionnement de l’OTAN ni le fait que la France cotisait et avait droit à des retours industriels bien avant la réintégration totale.
NS : ou cela l’arrange-t-il…
DG : rappelez vous, la légitimité européenne est d’éviter les guerres, l’espace économique n’en est qu’un vecteur…la schizophrénie politique ou de la guerre est héritée de l’homme médiéval. Elle fait peur et fascine. On prie pour l’éviter mais on fait tout pour qu’elle arrive, donnée fondamentale de la vie sociale
NS : et que pensez vous de la Russie ?
DG : La Russie a tout pour se faire aimer et elle se fait mal voir même si elle sait parfois tirer son épingle du jeu. Rappelez-vous du succès pour l’alliance 1891-1893 entre la France et la Russie. Il en était de même avant 1914 surtout pour faire un contre poids à l’Allemagne, devenue grande puissance militaire et économique depuis la défaite de la France en 1870. Mais souvenez vous aussi qu’au traité de Vienne les Russes étaient avec leurs alliés contre la France ou plutôt contre Napoléon. C’est un peu la même chose en ce moment dans l’autre sens.
NS : vous y avez été accueilli en chef d’Etat pour l’épisode Normandie Niemen
DG : pfff oui c’était malin, monsieur renard, comme dit Poutine, savait s’y prendre pour cacher le lion. En Russie j’étais accueilli en chef d’Etat et de résistance alors qu’en Angleterre, j’étais accueilli comme réfugié de guerre ! Tiens, comme un migrant syrien ! Et d’ailleurs souvenez-vous que j’étais même condamné à mort, comme les chrétiens d’orient. Je ne parlais pas u mot d’anglais que d’ailleurs je méprisais, et en plus avec certaines prétentions. On dirait que la chose vous amuse avec toutes vos interventions contre le pauvre Hollande. Vous ne vous opposez pas mais êtes complémentaires. Est-ce voulu ? Mais qu’auriez vous fait de… moins ? Vous savez bien qu’au pouvoir, les choses sont différentes. En 39, j’ai usé de mon amour propre, de mon égo, de mon ressenti de soldat et de mon amertume à vouloir combattre seul plutôt qu’à chercher le compromis, mais que voulez vous…
NS : Et l’épisode du traité de paix ?
DG : ah oui, Eisenhower était le seul absent du traité le 7 mai à Reims auquel j’étais écarté. Il avait du recevoir des ordres ou alors ne pas approuver cette signature. Toujours est-il que le 8, Jukov organisa la signature à Berlin en grande pompe avec les Français à la table… Là on peut dire merci les Russes ! Vous ne trouvez pas cela étonnant tout de même, ou n’est-ce pas un signe ? Les deux nations extrême de l’Est et de l’ouest qui se réunissent de l’Atlantique à l’Oural ?
NS : même s’ils reprochaient aussi aux aviateurs français de n’en faire qu’à leur tête au début de la contre offensive russe mais ils avaient choisi de voler avec des avions russes plutôt que des britanniques ou des américains !
DG : oui apparemment ils étaient moins disciplinés que tous les aviateurs polonais en France dont on ne parle que trop peu d‘ailleurs ! Saviez vous que de nombreux Polonais parlent Français depuis que j’avais imposé que les cours donnés chez eux entre les deux guerres se passent en Français ? Et en 1939, ils étaient venus se former ensuite chez nous car ils avaient prévu d’acheter 160 avions Morane MS 406 ! Après guerre, bien entendu on a accusé Monnet de s’être opposé à moi et de la jouer avec les Américains mais vous savez nous avions la même vision ! Et j’ai gagné. Oh, vous savez si Leclerc n’avait pas été là, je n’aurais pas eu tous ces lauriers. Dans une course, on peut être derrière et passer devant tout le monde à la fin même en utilisant la marque de chaussures du concurrent. Churchill comme moi a été rappelé en temps de crise mais je n’ai jamais été élu vous savez, j’ai en fait pris le pouvoir que l’on m’a donné. On a même rappelé Churchill après son désastre des Dardanelles… Oui, sans le coup de Paris, je serais resté dans l’ombre.
S : et grâce à Eisenhower qui, le seul, vous a reconnu !
G : Certes. Leclerc et son serment de Koufra ne me doivent rien. Je suis, comme vous, un opportuniste finalement. Sauf quand on est venu me rechercher parce qu’il y avait du grabuge, pas pour mes idées politiques.
NS : comme Pétain d’ailleurs…
DG : Comme qui ? …Mais j’ai réussi une chose qui démarque bien la France : donner deux tête à l’exécutif ! grandiose non ? Vous me direz… l’Union européenne les a aussi avec la Commission et le conseil des ministres… Je n’ai pas gagné beaucoup de batailles sauf une avec mes chars et on m’a vite mis au ministère
NS : Pour appliquer vos théories
DG : un peu tard, Gamelin avait déjà lancé les contre-offensives, je me demande si ma nomination comme secrétaire d’Etat n’était pas pour me mettre au placard et éviter de nouvelles victoires… Ah l’attentisme français alors que nous étions en guerre, nous n’avons même pas attaqué le flanc allemand à Sedan alors que les Belges étaient attaqués … nous nous abritions derrière la ligne Maginot… alors qu’elle aurait pu servir de ligne de filtration en cas de retraite. Mais nous n’avions pas voulu voir cette option. Il y a bien eu des attaques en Sarre mais nous avons rebroussé chemin comme si on dérangeait, rendez-vous compte ! Nous avons eu qques victoires, et les Allemands très occupés à l’Est n’auraient pas pu s’en remettre mais nous avons eu peur de quitter notre petit ligne…
NS : oui des victoires comme Napoléon juste avant Waterloo…
DG : avec Grouchy qui arriva en retard mais d’ailleurs on ne nous a jamais dit ce qu’il lui était arrivé. Napoléon a perdu lors de sa première confrontation directe avec l’Anglais sur terre et sur le continent. Mais que serait-il arrivé si Napoléon avait gagné ?
NS : eh bien je pense que rien n’a changé. En matière de défense, considérant l’économie et les relations, seule la France défend une idée de force européenne, sauf peut-être dans le groupe VISEGRAD. Mais tout le monde préfère dire qu’elle est étasunienne et OTANesque, étant donné, et pas forcément OTAN donné, que ça marche.
DG : et surtout que nous ne sommes pas allés aider les Tchèques qui s’en souviennent encore j’imagine ! Mais me direz-vous, les Américains n’y sont pas allés non plus. Rien n’empêche d’y créer une identité européenne à l’intérieur, comme nous avons réussi à la faire pour les projets industriels, avec toujours le même problème des Américains en face avec leur politique du carnet de chèque. Je pense que nous devrions désormais davantage en profiter intelligemment. Tiens voilà Pompidou, mon fidèle Pompom !
GP : Salut Sarko, eh oui, le couple des 30 glorieuses…oh je ne passe pas longtemps, j’avais oublié mes clopes. Et rien de tel avec un bon whisky et quelques pages de Baudelaire.
DG : moi la DS et lui la Porsche !
GP : pour les graviers de l’Elysée, c’était top. Bon il y a des choses que le général ne vous dit pas…
NS : ah oui ?
GP : Monnet était le gentillet et le général était le méchant. Ils travaillaient ensemble sans le montrer et le général avait même une certaine admiration. Monnet était déjà dans la planification des affaires franco-britanniques et secrétaire général de la Société Des Nations a moins de 32 ans et est parti ensuite aux Etats-Unis pour les affaires et la finance internationale.
NS : ah oui le glaive et le bouclier comme entre le général et le Maréchal
DG : Hum…
NS : un collègue à vous donc…
GP : Ah la banque et la finance vous savez… le monde est petit. il est revenu pour relancer le comité de coordination franco britannique… une façon de contrôler aussi nos voisins !
NS : c’est vrai que l’on ne le voit pas comme ça
GP : et surtout Monnet est allés en Angleterre et aux Etats-Unis pour négocier la reprise industrielle et pousser les Etats-Unis à intervenir alors que De Gaulle n’a pas réussi.
DG : voilà qu’il recommence, bon Sarko, zetes bien gentil mais y fo qu’on y aille. Salut et … bon vent ! Allez Pompi, on décolle.
S : eh mon Général, vous savez quoi ?
DG : Hein ? quoi donc Sarko ?
S : « je vous ai compris » !