François FILLON désormais "désinhibé"
Jeudi soir, je ne regrette pas d’être venu écouter François Fillon de passage à Dijon. Le combattant loyal travaillomane, qui devait faire son job pour tenter de faire battre le candidat socialiste, avait mis son armure de promoteur, changé son attitude tout en conservant ses valeurs, pour montrer qu’il était également prêt pour ses propres échéances.
Par François CHARLES
Animateur politique, territorial et européen, ancien responsable et cadre de partis, conseil en stratégie, intelligence économique et management
On est loin du F. Fillon des lendemains des présidentielles et des législatives, fatigué et rempli de sinistrose. On est loin du Fillon du meeting précédent de l’an dernier vers Dijon où il était même prêt à faire confiance au nouveau gouvernement, et même au pacte de responsabilité, quitte à faire un rassemblement d’union national, du moment où il apporterait de bonnes solutions. On est loin du Fillon qui venait dans nos petites réunions du val d’Oise en 1998.
Même si on ne pouvait reprocher à F. Hollande d’avoir essayé d’appliquer les méthodes de coaching opérationnel avec une objectifs déterminés dans le temps, il s’est avéré que ceuc-ci n’étaient ni réalistes ni réalisables. Il aurait au moins pu dire qu’il stabilisait la courbe du chômage plutôt que la réduire. Trop de promesses non tenues, et de toute façon intenables, ont fait changer d’avis F. Fillon. Le revirement social démocrate de F. Hollande n’y changera désormais plus rien. Le jeu « tu vois bien comme j’ai essayé » à ses limites. Sa phase promoteur va même jusqu’à dire qu’un président de la République ne prend pas des paris stupides et qu’il s’est pris tous seul les pieds dans le tapis.
Mais il conserve le discours adopté vis-à-vis du FN (voir l’article « et si F. Fillon avait raison ?»). En incitant à voter pour le moins sectaire, le plus ouvert et le plus rassembleur (il s’agissait d’un candidat UMP !) il rappelle qu’il aime tout le monde a priori mais gare à la croisade si on lui fait mal. Il rappelle aussi qu’il n’aime pas que l’on mente quand il met en garde ceux qui tenteraient d’utiliser l’enjeu national des élections municipales après les résultats du vote.
Mais il va aussi dans le lâcher prise. C’était peut être aussi le fait que le pilote a vibré pour l’ancien circuit de Formule 1 qui remplit de façon discrète les hôtels tous les week-ends. Il parle même de Nicolas Sarkozy désormais sans émotion. Se rappelant qu’il n’est pas sectaire, mais qu’il faut éradiquer le mal, il évoque le béatifié Jean Paul II qui qualifiait le socialisme de despote qui pille les gens et les caisses (sauf quand elles sont déjà vides) et ensuite peut être matraqueur sur les impôts (voir l’article « pourquoi la gauche va perdre les élections municipales ») et dur avec le peuple quand il est mécontent. Il nous envoie en mici dominici pour demander au peuple si « La France est-elle aussi juste, active, fraternelle qu’il y a 20 ans ? ». Il évoque enfin Jules Ferry et sa fameuse lettre pour s’opposer aux rythmes scolaires et demander de ne rien faire qui puisse heurter les consciences. Et s’agissant des municipales, il reconnaît qu’après tout elles peuvent être le premier stade pour reconquérir le pouvoir national et « foutre les autres dehors » !
Oui, je vais reprendre le terme échangé avec un voisin de salle pour dire que l’ancien austère François Fillon est désormais désinhibé et confiant. Ses actes et sa conduite ne sont plus dictées ou gelées par un certain interdit affectif. Il semble prêt à se relancer en chef politique qu’il n’avait finalement encore jamais été par trop d’équilibre. La philisophie des municipales lui va bien. Il en oublie même que si la dette est le seul iceberg qui grossit et ne fond pas, les 2000 G€ ne sont pas arrivés du jour au lendemain ni en 20 mois. Mais qu’importe, ils n’avaient qu’à pas prendre la place. !
Et du même coup, autant j’ai commencé à aimer Picasso quand mon besoin psychologique a été rempli en m’apercevant qu’il avait su peindre comme tout le monde, autant finalement je pense avoir désormais moins de scrupules à rejoindre mon ancienne famille ni a adopter moi-même un certain lâcher prise mais mesuré tout de même dans une politique intelligente.